Mildred Pierce, petite femme aux cheveux blonds mousseux et aux yeux bleus limpides, décide de se séparer de son mari ; c'est, dit-elle, parce qu'il court après une certaine Mrs. Biederhof, mais surtout parce que, victime de la crise de 1929, il est sans travail et en prend trop aisément son parti. Elle doit pourtant gagner sa vie, et celle de ses filles, alors, pour s'en sortir, elle vend les «pies» fait maison, et travaille comme serveuse dans un restaurant. Mais cela ne suffit pas, du moins pas aux yeux de sa fille aînée, Véda, alors Mildred se lance dans les affaires et ouvre son propre restaurant «Mildred Pierce, Poulet – Gaufres – Pies», suivi d'un deuxième, puis d'un troisième. Elle fait aussi la connaissance de Monty Beragon, un jeune et élégant oisif, devient sa maîtresse, puis, lorsqu'il est ruiné, l'entretient. Or, pendant ces années de lutte, Véda grandit et devient une rivale redoutable au caractère orgueilleux, cupide et méprisant, et Mildred, rejetée et bafouée, se retrouve, après un drame affreux provoqué par sa propre fille, pauvre et vieillie... (Gallimard)
Mildred Pierce, femme au foyer et mère de famille de la classe moyenne
dans le Los Angeles des années 30, décide de mettre à la porte son mari Bert,
lassée de ses infidélités et des dettes qui s’accumulent.
La voilà propulsée dans le dur monde des femmes célibataires avec enfants
à charge, elle qui ne sait au début mettre son orgueil dans sa poche finit, à
force de travail, à créer sa propre entreprise et à passer de serveuse à
gérante d’un, puis deux et enfin trois restaurants : "Ce n'était pas à elle qu'on pouvait raconter
qu'on n'arrivait pas à s'en sortir, même avec cette Crise, quand on avait un
peu de cran.".
Car Mildred Pierce n’a pas que des jambes
affolantes, elle a aussi du courage et de la ténacité à revendre, outre le fait
d’être une cuisinière hors pair et de maîtriser l’art délicat des pies.
Figure féminine du "self made man", cette femme a qui tout semble réussir a pourtant un obstacle dans sa vie, et de taille : sa fille Véda : "Elle avait peur de Véda, de son snobisme, de son mépris, de son orgueil invincible. Et elle avait peur d'autre chose qui semblait toujours être aux aguets sous l'élocution caressante, affectée de Véda : un désir froid, cruel, grossier de torturer sa mère, de l'humilier, et, par-dessus toutes choses, de la blesser.".
Véda n'est pas un cadeau, loin de là, c'est même un personnage fortement antipathique qui finira par causer la perte de sa mère, qui l'aime d'un amour fou et aveugle, et la fera choir de son piédestal.
Pourtant, des personnes ont essayé de mettre en garde Mildred : "Non, l'enfant ne vaut rien, moins que rien. C'est une garce.", mais Mildred avant d'être une femme est avant tout une mère qui se refuse à croire à la méchanceté profonde et à l'ingratitude solidement ancrée de sa fille : "Mildred se persuadait elle-même qu'elle faisait une gentillesse à Véda, mais Véda n'était pas de celles qui laissent un geste profiter à quelqu'un d'autre.".
Mais il n'y aura pas que Véda dans les mauvaises relations de Mildred, il faut aussi compter sur Monty Beragon, un dandy sans le sou qui croisera sa route, qu'elle aimera, qu'elle entretiendra, qu'elle épousera et qui la laissera criblée de dettes.
Ce roman illustre parfaitement le rêve américain, avec une mère qui cherche à donner le meilleur à sa fille et qui réussira dans la vie à force de ténacité, de courage et de travail.
A travers le personnage de Mildred Pierce, l'auteur traite de l'émancipation féminine et plus largement de l'émancipation d'une certaine classe sociale dans ces Etats-Unis d'avant guerre et d'après le krach boursier, mais une fois cette lecture achevée, j'ai la désagréable mais néanmoins légère sensation qu'il prouve aussi par-là qu'une femme ne peut totalement réussir et que l’univers est, une fois de plus, régi par les hommes.
Au final, ce sont les hommes qui gagnent plus que Mildred qui aura, au contraire, accumulée les erreurs de comportement et de jugement, en premier lieu envers sa fille : "Il ne lui vint pas à l'esprit qu'elle agissait beaucoup moins comme une mère que comme un amant qui, à l'improviste, découvre une preuve d'infidélité, et se venge.".
Belle histoire d'un amour cruel que nous raconte James M. Cain et ce, de façon sublime et attachante.
Car Mildred Pierce est un petit bout de femme attachant et il est très difficile de lâcher son histoire une fois commencée.
J'ai découvert ce personnage à travers le téléfilm où Kate Winslet campait une Mildred Pierce plus vraie que nature, ce qui m'avait donné envie de lire le roman.
Je dois dire que le téléfilm est extrêmement fidèle au livre et il me reste désormais à regarder la version cinématographique de Michael Curtiz avec Joan Crawford dans le rôle titre fournie avec le livre.
"Mildred Pierce" est un magnifique portrait de femme comme j'aime les lire et décrit avec justesse par un James M. Cain particulièrement inspiré qui signe-là un roman émouvant, attachant, drôle et triste qui fera date dans mes lectures et à qui je réserve une place toute particulière dans ma bibliothèque.
Ravie ravie ravie que tu aies aimé ce roman !! J'ai aussi beaucoup aimé la mini série HBO avec Kate Winslet.
RépondreSupprimerPareil, j'ai d'ailleurs connu l'histoire par cette mini-série. J'ai un autre livre de cet auteur, je ne vais pas tarder à le lire je pense.
SupprimerBonne fin de journée.
RépondreSupprimerJe ne chronique pas la lecture de mes livres ou très très peu. Je viens de lire la tienne chez Babelio et vient répondre à ta chronique ayant revu avec plaisir la mini-série avec Kate Winslet (excellente actrice) de cette histoire inspirée par ce roman. J'ai regardé les trois volets en une après-midi et ne l'ai pas du tout regretté. Il semble que le livre soit fidèle au film. Je l'ignore. Merci pour ce partage.
Geneviève
La série est effectivement fidèle au roman, dont je conseille la lecture.
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