Hercule Poirot aimerait bien passer
des vacances tranquilles. Une petite île, un hôtel agréable, une cuisine
soignée, des pensionnaires charmants : tout irait pour le mieux si, parmi les
estivants, ne rôdait une de ces femmes fatales qui font faire bien des bêtises
aux hommes… (Le Livre de Poche)
Arlena Stuart, de son nom de scène, est
belle, trop belle à tel point qu’elle ne laisse personne indifférent : les femmes la détestent et les
hommes sont fous d’elle, ce qui tombe bien car elle n'aime que la compagnie de ces derniers : "Enfermée seule, mon cher ami, Arlena Marshall aurait cessé d'exister. Elle ne pouvait vivre qu'entourée d'une cour d'admirateurs.".
Archétype de la femme fatale, elle
est auréolée dès le début de l’histoire d’un nuage noir annonçant le drame à
venir : "J'ai entendu raconter sur elle beaucoup de choses. Des ragots, colportés principalement par des femmes. Mais, si vous voulez mon avis, mon opinion sincère, c'est que cette femme-là était surtout une sotte.".
Si victime il devait y avoir, ce ne
pourrait être qu’elle : elle collectionne les amants, brise des mariages,
papillonne d’un homme à l’autre sans se soucier des conséquences ou du mal
qu’elle peut faire.
Mais il y a une petite nuance à cet
archétype : tout laisserait à penser que c’est elle qui exploite les
hommes, or c’est l’inverse qui se produit.
C’est d’ailleurs l’une des raisons
qui ont poussé Kenneth Marshall à l’épouser.
Il faut dire que ce dernier a une
tendance à aimer voler au secours des causes désespérées : sa première
femme et mère de sa fille a été acquittée mais le doute plane sur sa
culpabilité ou non, et là c’est une actrice de théâtre qu’il a épousé.
Cet hôtel de luxe sur la côté du
Devon dans une petite île est un cadre enchanteur pour l’histoire, Agatha
Christie sachant particulièrement mettre en valeur l’Angleterre et ses charmes.
L’intrigue utilise le ressort
classique mari-épouse-maîtresse, et comme à son habitude, Agatha Christie offre
au lecteur une panoplie de suspects.
Evidemment et en premier lieu le
mari : Kenneth Marshall, mais ça serait bien trop facile et bien mal
connaître l’auteur.
Et après tous les autres touristes de
l’hôtel, dont certains se détachent du lot comme le peu charismatique révérend
Lane, l’antipathique et ennuyant Horace Blatt, le couple Redfern si bien
assorti en apparence.
Même les femmes peuvent être
suspectes, en particulier Emily Brewster, une femme avec beaucoup d’aspects
masculins.
Je n’ai pas vraiment cherché au cours
de ma lecture à dénicher le suspect, sachant à l’avance que j’allais de toute
façon être menée en bateau par Agatha Christie, mais j’ai fini par avoir un
petit doute à force de déductions.
J’ai apprécié cette galerie de
personnages divers et variés comme aime les écrire Agatha Christie, avec pour
chef d’orchestre un Hercule Poirot très inspiré, en ce qui concerne l'enquête tout du moins, car pour les plaisirs de la plage il en va différemment : "Aujourd'hui tout est "standard", même l'amour ... Et tous ces corps exposés me font songer à la morgue ...".
J’avoue avoir éprouvé une certaine
tendresse envers le personnage de Rosamund Darnley, cette femme qui a créé son
entreprise et qui apparaît comme résolument moderne parmi toutes les
autres : elle n’est pas mariée, elle a réussi dans la vie et son
entreprise est florissante.
Elle contraste par rapport aux autres
femmes rencontrées dans le roman.
Je remarque que c'est souvent le cas dans les romans d'Agatha Christie, une femme se détache toujours et montre un côté moderne et non conformiste, reflétant sans doute en partie comment était Agatha Christie elle-même dans la vie.
"Les vacances d'Hercule Poirot" est une enquête policière agréable que j'ai pris plaisir à relire et qui ne se démode pas, la présence d'Hercule Poirot y étant sans doute pour quelque chose.
Une bonne façon d'entamer les vacances littéraires à venir et qui donne envie de s'asseoir sur la plage avec un bon bouquin à dévorer.
Livre lu dans le cadre du challenge Agatha Christie
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