mercredi 28 septembre 2016

Frantz de François Ozon

     
     

Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville. (AlloCiné)


Nous sommes en 1919, dans une petite ville d’Allemagne.
Anna (Paula Beer), comme tous les jours, se rend sur la tombe de son fiancé Frantz (Anton von Lucke) mort dans les tranchées en France.
Mais ce jour-là elle découvre qu’elle n’est pas la seule à venir fleurir la tombe.
Elle découvre qu’Adrien (Pierre Niney), un jeune Français, est lui aussi venu pour s’y recueillir, parce qu’il était ami avec Frantz.
Mais sa présence déclenche les passions à la fois dans la ville et au sein de la famille de Frantz.


Je n’ai jamais caché que j’admirais depuis très longtemps le travail de François Ozon et je manque très rarement la sortie de son nouvel opus (d’ailleurs si j’étais actrice j’adorerai tourner avec lui).
Certains diront donc que je ne suis pas objective dans mon propos, et bien tant pis pour eux et que les grincheux restent où ils sont.
Mais quel film magnifique ! Quelle belle et tragique histoire !
Déjà, il y a la mise en scène, toujours très soignée chez François Ozon, mais ici plutôt que d’utiliser certains de ses plans habituels il propose un travail sur la lumière, la majorité du film étant en noir et blanc et certains passages en couleur.
Sur le plan esthétique c’est une réussite, un sans-faute, que dis-je, un chef d’œuvre (je me calme, je ne m’emballe pas) !
Parce qu’en se faisant, il traduit l’état intérieur des personnages et les sentiments qui les habitent, et quand j’apprends que le recours au noir et blanc fut pour des raisons économiques, je me dis que le hasard fait décidément parfois bien les choses.
Dans ce film, on retrouve certains des thèmes chers au réalisateur : la mort, l’amour, ou tout du moins les premiers émois amoureux, mais les deux thèmes centraux sont à mon sens le mensonge et le pardon.
Comme d’ordinaire, François Ozon aime mettre en avant des personnages tourmentés, car Adrien est loin d’être apaisé mentalement, et cette histoire cache bien évidemment des secrets, car rien n’est simple dans les histoires mises en scène par ce réalisateur.


Là où l’on reconnaît également la patte de François Ozon, c’est dans le choix de ses interprètes.
Dire que Pierre Niney, pour rappel ancien plus jeune pensionnaire de la Comédie Française et plus jeune lauréat du César du meilleur acteur, est excellent est un doux euphémisme.
Il incarne complètement Adrien, il l’habite, et prouve ainsi, s’il en était encore besoin, qu’il est sans nul doute l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération.
François Ozon aime aussi découvrir des actrices, ici la révélation est sans conteste Paula Beer, inconnue en France jusqu’alors mais cela ne m’étonnerait pas que les réalisateurs se l’arrachent par la suite tant son jeu est bouleversant et sa palette d’émotions grande.
J’ai aussi énormément été touchée par le jeu d’Ernst Stötzner incarnant Hoffmeister, le père de Frantz, et Maria Gruber incarnant Magda, la mère.
Il y a une dimension tragique qu’ils incarnent parfaitement, il n’est pas question de vaincus et de vainqueurs mais uniquement de parents qui ont perdu leur fils unique et qui peu à peu retrouvent le goût à la vie grâce à cet ami Français.
Le personnage qui m’a le plus marquée est celui d’Anna, non pas parce qu’elle est une femme mais parce qu’elle est une personne qui va progresser, s’ouvrir et s’affranchir de son passé pour oser s’offrir un présent et un futur, quelque chose qu’Adrien n’aura pas la force de faire.
Le personnage d’Anna est sans doute la plus belle promesse d’avenir dans ce film où l’illusion règne pourtant en maître pendant une grande partie.
Car il y a ce que l’on voit et ce que le réalisateur raconte, parfois ce sont la même chose d’autres fois cela diffère.
Mais pour bien le comprendre il faut voir ce film.


"Frantz" est un excellent film mélodramatique à l’esthétique irréprochable, l’un des plus beaux films de cette rentrée et sans doute de l’année 2016.

2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Après une pause estivale de cinéma je suis contente d'avoir repris sur ce film !

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