mardi 2 janvier 2018

La promesse de l'aube d'Eric Barbier

       
     

De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excentrique qui fera de lui un des romanciers majeurs du XXème siècle, à la vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie. (AlloCiné)


"Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances.", ce sont sur ces mots forts que se termine le film d'Eric Barbier, tirés du roman de Romain Gary, des mots justes par rapport à ce que le spectateur vient de voir, tout cet amour maternel débordant, excessif.
Le film retrace l'enfance de Romain Gary en Pologne, avec une mère qui crie haut et forme ce que sera l'avenir de son fils à la face du monde : il sera ambassadeur de France, diplomate, écrivain, s'attirant les moqueries de ses voisins; puis son adolescence à Nice et enfin ses premières années d'homme adulte avec ses exploits d'aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Et tout le temps avec cette mère omni-présente, cette mère qui l'étouffe de son amour et des ambitions qu'elle a nourries pour lui, qui ne cesse de lui répéter que l'avenir c'est la France, qu'il deviendra célèbre, qu'il rendra les femmes folles de lui, qu'il sera écrivain.
Parce qu'il fallait qu'il soit artiste, mais pas n'importe quel artiste, un qui peut gagner sa vie, alors elle le pousse à écrire, elle lui répète sans cesse qu'il faut qu'il continue à écrire, elle le rappelle à l'ordre, cette mère est tout le temps présente, même quand des milliers de kilomètres les séparent.
Ce film montre bien la relation entre cette mère et son fils, les racines de celle-ci, avec une enfance miséreuse en Pologne et un jeune Romain voyant sa mère humiliée lors d'un contrôle par les gendarmes, sans doute l'un des événements décisifs de sa avenir.
Mais la contrepartie de cet amour excessif se voit aussi à l'écran, c'est à la fois le moteur de l'oeuvre de Romain Gary mais aussi un fardeau.
Au début le spectateur s'interroge face à cette mère et à ses réactions, parfois il n'y croit plus tant Nina est excentrique, parfois il sourit face à certaines situations ou réflexions, mais souvent il se dit qu'avoir une telle mère n'est souhaitable à personne


Eric Barbier s'est attaché dans sa mise en scène à garder un ordre chronologique, j'ai d'ailleurs beaucoup apprécié celle-ci car elle ne dénature pas le roman de Romain Gary, d'autant qu'il a su rester fidèle au roman et à l'esprit d'aventure initiatique qui en découle.
La première partie du film prend le temps de poser le contexte familial, cette partie pourrait paraître un peu trop longue mais elle permet de mieux comprendre la suite et les motivations de Nina.
La deuxième partie à Nice est en comparaison plus courte, quant à la troisième elle se pose vraiment comme une aventure initiatique, avec un Romain Gary loin de sa mère mais dont l'esprit vient régulièrement le visiter.
Outre une mise en scène léchée, ce film brille par un splendide casting, avec une Charlotte Gainsbourg au sommet de son art, campant une Nina plus vraie que nature, un sacré rôle mais qu'elle relève haut la main; et un Pierre Niney toujours excellent, qui se fond à merveille dans la peau de Romain Gary adulte.
Pour camper Romain Gary jeune et adolescent, le réalisateur a dû lancer un casting qui lui a pris du temps pour trouver le jeune garçon capable de parler en Polonais et en Français et qui saurait avoir une présence à l'écran.
J'ai énormément apprécié le jeu des deux acteurs principaux, rien que pour eux le film mérite d'être vu.
J'ai aussi trouvé très réalistes les scènes de bataille aérienne, le réalisateur a d'ailleurs dû recourir aux effets spéciaux pour les reproduire, mais cela ne se voit pas à l'écran.
Le spectateur pourrait avoir tendance à l'oublier, mais le tournage de ce film fut un projet de grande ampleur sur plusieurs pays, et certaines scènes, notamment dans le désert, ont été particulièrement difficiles à filmer.
C'est un sans faute sur toute la ligne, ce film était attendu et il a su tenir toutes ses promesses.


"La promesse de l'aube" est une très bonne adaptation cinématographique qui donnera envie de lire ou relire le livre, l'un des très bons films de cette fin d'année 2017 à ne pas rater.


       
     

       
     

       
     

2 commentaires:

  1. Je vais lire le roman avant de voir le film...

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    1. Je l'ai lu il y a longtemps, pour le coup je l'ai ressorti pour le relire.

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