lundi 19 mars 2012

Obscura de Régis Descott


10 avril 1885. Dans une bastide d'Aix-en-Provence, la gendarmerie découvre une reconstitution macabre du Déjeuner sur l'herbe, le célèbre tableau de Manet, réalisée avec des cadavres. A Paris, le jeune Dr Corbel lutte chaque jour contre la syphilis et les maladies pulmonaires au chevet des laissés-pour-compte. Mais son destin va basculer avec l'apparition dans son cabinet de l'envoûtante Obscura, une prostituée qui ressemble étrangement au modèle qui posa pour l'Olympia, autre oeuvre sulfureuse de Manet... Régis Descott nous plonge au cœur du XIXe siècle, des sommets de la société à ses bas-fonds, des balbutiements de la médecine légale aux vertiges de la clinique du Dr Blanche, génial aliéniste et amateur de peinture. Un thriller au charme vénéneux. (Le Livre de Poche)

Autant le dire tout de suite, je ne garderai pas un souvenir ému de cette lecture, loin de là.

J'ai trouvé ce livre particulièrement mal construit, mal écrit et manquant franchement de dimension policière, ce qui est un comble pour un livre catalogué comme tel.

Il est beaucoup question de peinture, puisque le meurtrier reproduit des tableaux de Manet, particulièrement les tableaux "Le déjeuner sur l'herbe" et "L'Olympia".
Sur cet aspect-là je n'ai pas grand chose à dire, l'auteur s'est beaucoup documenté et s'est donc senti obliger d'abreuver ses lecteurs de détails précis sur les tableaux, sur le modèle, et de les répéter plusieurs fois dans le livre (des fois que le lecteur serait imbécile et n'aurait pas bien lu la première fois).
J'ai apprécié le côté peinture, mais l'auteur a tout de même forcé un peu trop le trait.
Et puis tout cela ne peut pas constituer la trame d'un livre.

Jean Corbel, le personnage principal, est médecin et là aussi, l'auteur s'est beaucoup documenté sur les maladies de l'époque et les avancées de la psychiatrie, mais de façon beaucoup trop poussée.
Ainsi, il décrit à de nombreuses reprises la syphilis et les différents stades de la maladie, il glisse à l'occasion d'une visite à la morgue un cours magistral sur la décomposition des corps et la vie des mouches qui y contribuent, j'ai trouvé ça extrêmement lourd et n'apportant rien à l'histoire.

L'auteur a également effleuré l'aspect des maisons closes pourtant fort développées à l'époque. C'est quelque peu dommage car cela aurait sans doute contribué à renforcer un peu l'intrigue plutôt inexistante.
D'ailleurs, la lecture de ce livre n'a pas été sans me rappeler le film "L'Apollonide, souvenirs de la maison close".
Déjà, cela se passe quasiment à la même époque, c'est à peu près aussi lascif et sans histoire que le film, il est beaucoup question de peinture et les scènes du film étaient très bien mises en scène et rappelaient certains tableaux, et la psychanalyse était abordée dans le film sous forme de rêves racontés par une prostituée à un client.

Quant au style d'écriture de Régis Descott, il est lourd, très lourd, redondant, autant dire qu'il ne m'a pas plu du tout.
L'auteur se complaît dans des descriptions de maladies qui n'apportent rien à l'histoire, il redit plusieurs fois la même chose, c'est à la limite de la niaiserie par moment (lorsque Jean se rappelle au cours de ses pensées que Sibylle ressemble au modèle de Manet, un peu d'action et moins de réflexion !) et le summum a quasiment été atteint dès la page 54 avec : "Il venait de rencontrer son destin, mais il ne le savait pas encore."
C'est exactement le genre de phrases que je ne supporte pas et qui montre surtout que le texte est à reprendre.
De plus, ce livre manque singulièrement de réelle intrigue. Il n'y a aucun suspens, j'ai deviné, mais c'est écrit ainsi, le meurtrier avant la trois centième page et la fin est d'un flou non artistique total.
Le premier chapitre s'ouvre sur la découverte d'un cadavre et ensuite il faut attendre très longtemps pour en avoir un deuxième.
L'aspect policier de l'histoire n'est absolument pas maîtrisé, c'est un rendez-vous raté et c'est bien dommage, car le Paris de cette époque se prête tout à fait au développement d'intrigues policières, il n'y a qu'à lire les romans de Claude Izner se situant au même endroit à la même époque.

Autant aller au musée pour admirer les oeuvres de Manet, c'est plus intéressant et constructif que ce livre remarquable pour ses nombreux défauts plutôt que ses qualités et à la fin très obscure qui va de paire avec son titre.

Ce livre a été lu dans le cadre d'une lecture commune du club de lecture de Babelio de Mars 2012

2 commentaires:

  1. Et bien, tu n'es pas tendre !! ;-) Je te comprends...

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  2. Et j'ai oublié un autre détail, l'auteur a écrit que pour se remettre les idées en place Jean Corbel va faire bouillir de l'eau ... je cherche encore la relation ... .
    Quand j'aime je le dis et quand je n'aime pas, je le dis aussi !

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