dimanche 5 octobre 2014

Les gens honnêtes Première partie de Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat


Aujourd'hui, Philippe fête son anniversaire. 53 ans, déjà. Sa maison est confortable, ses enfants sont grands, sa mère est bavarde, son nouveau vélo est magnifique. Une belle tranche de vie, dans la simplicité, l'honnêteté. Mais celui qui empoisonne le gâteau, c'est le patron de Philippe quand il lui annonce son licenciement. Victime collatérale de la mondialisation, Philippe coule à pic. Perd tout, même son toit. Mais cette plongée au cœur de lui-même va lui permettre d'ouvrir son regard sur les autres. Les gens honnêtes n'ont rien d'ordinaire. (Dupuis)

Les gens honnêtes, ce sont ceux qui ne trichent pas avec la vie.
Pendant très longtemps Philippe n'a pas été un homme honnête : toujours absent, jamais là pour sa femme et ses enfants : "Tu te souviens ? Quand j'étais gamine, je t'appelai "cinq minutes". "je viens t'aider ... attends cinq minutes." Non, bien sûr, tu ne peux pas te souvenir ... T'étais tellement pas là que tu n'as jamais dû entendre comment on t'appelait.", il n'a rien vu venir de son divorce, mais cela ne l'empêche pas, en cette journée de ses 53 ans, d'être entouré par sa famille : ses enfants, son ex-femme, sa mère et son meilleur ami.
D'autant qu'ils ont mis les petits plats dans les grands en lui offrant un superbe vélo.
Mais la vie va s'acharner sur Philippe : il perd son travail et sombre dans la déchéance : il se retrouve sans argent, sans toit, passant ses journées à traîner sa misère et en se négligeant, tout ça aux crochets de son meilleur ami : "Tu as perdu ton boulot, mais ça ne te donne pas tous les droits !".
Et c'est là que Philippe va, à plus de cinquante ans, découvrir en quelque sorte le sens de la vie, en s'ouvrant aux autres, en commençant par ses enfants lorsque sa fille lui annonce être enceinte, avoir quitté le père mais vouloir garder l'enfant : "Pour ton lamentable boulot de père, il y a prescription, maintenant ... mais tu peux toujours te rattraper comme grand-père.".

Philippe est un banal médiocre, un homme sur qui au final on ne se retournerait certainement pas dans la rue, qui a gâché une partie de sa vie en négligeant ses enfants dans une forme d'égoïsme, et donc pour lequel on n'éprouverait pas d'emblée de la sympathie ni de l'attachement.
Le tour de force dans cette bande dessinée, c'est qu'à l'image de Philippe le lecteur apprend lui aussi à rejeter ses préjugés de côté et s'attache finalement très vite à ce personnage qui traîne ses vieilles godasses râpeuses au fil des pages.
Dans le fond, c'est une très belle histoire ordinaire, tout ce qu'il y a de plus simple, mais qui permet d'ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure et de voir la vie sous un angle différent.
J'ai surtout pris cette bande dessinée pour le seul nom de Jean-Pierre Gibrat, un auteur que j'aime énormément notamment pour ses magnifiques dessins.
J'ai été légèrement déçue quand je me suis rendue compte qu'il avait signé le scénario et non les dessins de cette bande dessinée.
Mais comme d'un autre côté ses histoires sont aussi très belles, j'ai continué à tourner les pages de cette bande dessinée pour au final la lire d'une seule traite.
Certes, au premier abord les traits de dessin de Christian Durieux ne m'attirent pas forcément, mais je reconnais qu'ils s'accordent très bien à l'histoire, aux personnages et à leur caractère.
J'y ai découvert une histoire simple de la vie de tous les jours mais qui a réussi à m'illuminer, ce n'était peut-être pas ce que j'attendais au début mais le résultat me satisfait amplement et je ne regrette absolument pas mon choix.

Avec "Les gens honnêtes", Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat démontrent que ces personnes sont tout ce qu'il y a de plus ordinaire, mais que dans tout ordinaire il y a une part de magie liée aux liens qui unissent toutes les personnes les unes aux autres.
Une très belle histoire à découvrir de toute urgence.

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