dimanche 16 novembre 2014

La délicatesse de David et Stéphane Foenkinos



Nathalie a tout pour être heureuse. Elle est jeune, belle, et file le parfait amour. La mort accidentelle de son mari va couper son élan. Pendant des années, elle va s'investir dans son travail, se sentir en parenthèse de sa vie sensuelle. Mais subitement, sans qu'elle comprenne vraiment pourquoi, elle embrasse un de ses collègues. Markus, un homme très atypique. S'ensuit alors la valse sentimentale de ce couple hautement improbable qui va susciter interrogation et agressivité au sein de l'entreprise. Choisit-on vraiment par quel moyen on renaît à la vie ? Nathalie et Markus vont finir par fuir pour vivre leur histoire et leur émerveillement à l'abri de tout. Cette histoire de renaissance est aussi celle de l'étrangeté amoureuse. (AlloCiné)


"La délicatesse", j'avais lu le livre de David Foenkinos et, en toute honnêteté, je n'en gardais pas un souvenir ému mais plus une lecture facile de détente un peu mièvre sur les bords.
Il faut dire qu'elle collectionne Nathalie : elle a beau être jeune et avoir une belle carrière, elle est déjà veuve, elle a perdu il y a quelques années l'homme de sa vie et depuis elle s'est plongée dans le travail comme une forcenée.
Et puis un beau jour, voilà-t'y pas qu'elle roule une pelle à un collègue venu lui poser une question.
Comme ça, pour la beauté du geste, parce que l'instant s'y prêtait bien.
Ce collègue il est Suédois, pas franchement beau, plutôt renfermé sur lui-même, bref tout le monde se demande ce que Nathalie peut bien lui trouver, pourquoi elle perd son temps avec lui alors qu'elle pourrait avoir tellement mieux, qu'elle a eu déjà tellement mieux.
Sauf que l'amour ça ne se commande pas et ça s'explique encore moins, Nathalie et Markus vont devoir apprendre à composer pour vivre leur histoire et ne plus se soucier de l'avis des autres pour savourer la beauté de cette rencontre.


Le pitch du film est identique à lui du livre, mais étrangement, à l'écran cette histoire fait moins tarte à la crème saupoudrée de bons sentiments.
Disons que l'équilibre entre drame et romance ressort mieux à l'écran, notamment grâce au jeu des acteurs, que dans le roman.
Le rôle de cette jeune femme touchée par un drame et qui va redécouvrir l'amour va particulièrement bien à Audrey Tautou, elle arrive à passer de l'insouciance au drame en passant par la froideur sans jamais surjouer mais en étant toujours juste dans les sentiments qu'elle exprime.
François Damiens est presque une révélation, il a un rôle plutôt ingrat, celui de Markus, l'homme invisible, insignifiant, sans aucun charme et légèrement étrange; et il s'en sort remarquablement bien.
Il arrive à très bien exprimer la stupeur de cet homme qui ne comprend rien à ce qui lui arrive, qui ne connaît rien de cette femme et de son passé et qui va, petit à petit, s'attacher à elle et développer des sentiments à son égard.
Il a su capter l'essence même de ce personnage et la délicatesse qu'il met dans ses sentiments, ce qui va séduire Audrey Tautou.
L'ellipse est utilisée dans la première partie du film, celle qui raconte le passé de Nathalie, de la rencontre avec l'homme qui allait devenir son mari à leur vie de couple marié jusqu'au jour du drame.
Le scénario évolue ensuite en temps réel jusqu'à cette fin très belle où Nathalie emmène Markus voir sa grand-mère, où le passé se mêle au présent et au futur, où Markus imagine une Nathalie petite fille, puis adolescente, puis femme, puis amoureuse, puis triste, puis de nouveau amoureuse.
En fait, à la réflexion, l'histoire va très bien avec le scénario d'un film mais pas avec la trame narrative d'un roman.
Je n'ai pas eu à reprocher au film ce que j'avais reproché au livre, comme quoi ce genre de sentiments passe bien mieux par les images que par les mots.
Mais surtout, l'atout incontestable de ce film et qui en fait toute sa beauté, c'est la musique et les chansons signées par Emilie Simon.
Emilie Simon a créé son album "Franky Knight" en hommage à son compagnon décédé quelques mois auparavant, il s'avère que sa création musicale, ses chansons et la portée des mots collent parfaitement au film et au personnage de Nathalie.
Avec les images, son album prend une toute autre dimension, et si Emilie Simon avait déjà signé la très belle bande originale de "La marche de l'empereur" elle s'est ici à mon avis surpassée et a contribué à créer un pur moment de bonheur qui donne au film une toute autre dimension.


"La délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos est un film sensible sur la perte d'un être cher, l'enfermement dans le travail jusqu'à la renaissance et la redécouverte de l'amour, de façon inattendue.
Il est assez rare de le dire mais ce film vaut plus le détour que le roman éponyme dont il est tiré et sa bande originale justifie à elle seule de le voir, ne serait-ce qu'une fois.



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