samedi 8 novembre 2014
Le tireur de Glendon Swarthout
Au tournant du XXe siècle, John Bernard Books est l'un des derniers survivants de la conquête de l'Ouest. Après des années passées à affronter les plus grandes gâchettes du Far West, il apprend qu'il est atteint d'un cancer incurable : il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Les vautours se rassemblent pour assister au spectacle de sa mort, parmi lesquels un joueur, un voleur de bétail, un pasteur, un croque-mort, une de ses anciennes maîtresses, et même un jeune admirateur. Mais Books refuse de disparaître sans un dernier coup d'éclat et décide d'écrire lui-même l'ultime chapitre de sa propre légende. (Gallmeister)
L'arrivée à El Paso de John Bernard Books a failli passer inaperçu, si ce n'est que quelques personnes ont fini par le reconnaître, lui, l'une des plus grandes gâchettes du Far West; et que la rumeur s'est très vite répandue que cet homme était mourant, à l'agonie.
Alors vite, tout le monde se rue à El Paso, pour avoir la peau de cet homme, ou bien essayer de se faire de l'argent sur son dos en lui soutirant son histoire, il n'y a bien que la femme qui l'accueille dans sa pension qui ne cherche rien de lui, si ce n'est qu'il disparaisse vite de sa vie et de son hôtel.
Mais John Bernard Books est un dur à cuire, un homme qui passe au-delà de la douleur et qui a une fierté : "Je ne céderai pas. Je ne parlerai à personne de ma situation douloureuse. Je garderai ma fierté. Et mes revolvers chargés jusqu'à la dernière minute.", en plus d'avoir deux pistolets toujours à portée de mains.
De toute sa vie, John Bernard Books ne s'est pas posé de questions, quand il fallait tuer il tirait, c'était sa peau ou la leur : "Ce n'est pas d'être rapide, qui compte, c'est d'avoir de la volonté ou pas. C'est là toute la différence : face au mur, la plupart des hommes n'ont pas de volonté. Je m'en suis rendu compte très tôt. Avant d'appuyer sur la détente, ils cillent ou prennent une inspiration. Pas moi.".
Sa puissance par armes à feu lui a concédé également une forme de justice divine : "Placez un gars au bout du canon de mon revolver et je saurai le juger aussi bien que le Seigneur.".
Pendant longtemps, il s'est cru tout puissant, au-dessus des hommes et de Dieu, et c'est comme un chien presque qu'il vient finir sa vie dans un hôtel d'El Paso, tordu par la douleur du cancer qui le ronge de l'intérieur, mais avec encore une superbe fierté qui ne s'éteindra qu'avec lui.
Le western n'a pas été qu'un genre au cinéma, il l'a aussi été en littérature mais de façon moins populaire.
A tout bien réfléchir, je n'avais même jamais lu de western jusqu'à ce livre, c'est en partie la raison qui m'a poussée à le faire, outre le fait que je voulais, à l'origine, lire "The Homesman" du même auteur après l'avoir vu au cinéma.
Ce livre n'est pas très volumineux, il se lit même rapidement, mais il est aussi prenant qu'un western peut l'être à l'écran.
John Bernard Books est une forme de montre sacré, un homme comme il n'en existe plus, une espèce en voie de disparition qui suscite l'envie ou la pitié ou le dégoût ou la peur chez les personnes qui sont amenées à le côtoyer.
J'ai réussi à être touchée par cet homme qui n'est pourtant pas un saint, et j'ai suivi avec une certaine délectation les derniers jours de sa vie.
J'ai apprécié le traitement qu'en a fait l'auteur, il l'a présenté dans toute sa complexité et malgré qu'il soit cantonné dans sa chambre il trouve encore le moyen de faire voyager le lecteur avec lui.
Par ailleurs, j'ai aussi énormément la relation qui se créée entre cet homme et la femme qui l'héberge, il y a une forme de douceur et d'apaisement juste avant la mort qui en ressort, tout comme l'ironie de la dernière scène est cruelle : cet homme qui aura cherché à se racheter, en partie, ne sera retenu par l'Histoire que comme l'une des meilleure gâchettes sans foi ni loi.
Heureusement que John Bernard Books a décidé de partir dans un dernier coup d'éclat, à ce titre la dernière scène du roman est tout simplement magnifique.
A l'issue de ma lecture je suis désormais très curieuse de voir l'adaptation cinématographique qu'en a fait Don Siegel avec John Wayne dans son dernier grand rôle.
Et qui d'autre qu'un des derniers grands monstres sacrés du western pouvait mieux incarner cet ultime, ou presque, survivant de la Conquête de l'Ouest ?
"Le tireur" de Glendon Swarthout est un livre un peu trop méconnu qui se pose pourtant comme un western littéraire incontournable, magistral et extrêmement bien ficelé.
Un livre petit par le volume mais riche en émotions et se terminant en apothéose, à découvrir de toute urgence.
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