En mai 1940, Julien Maroyeur, modeste réparateur de postes de radio dans un village du Nord de la France, décide de fuir avec sa femme Monique, enceinte, et leur petite fille. Dans le train bondé, ils sont séparés. Les hommes sont parqués dans les wagons à bestiaux. Séparé de sa femme, Julien fait la connaissance d'Anna, une jeune Allemande qui fuit ses compatriotes car elle est d'origine juive. (AlloCiné)
Pierre Granier-Deferre n'est pas à son coup d'essai dans l'adaptation d'un livre de Georges Simenon, quelques années avant de réaliser "Le train" il a porté à l'écran "Le chat" et "La veuve Couderc".
Nous sommes en mai 1940, la peur de l'invasion allemande est grande et c'est l'Exode.
Julien Maroyeur habite le Nord de la France avec sa femme enceinte de leur deuxième enfant et leur fille.
Dans le civil, c'est un homme terne, modeste réparateur de postes de radio, qui va décider de fuir avec sa famille par le train.
Mais tout le monde a eu la même idée, et si sa femme et sa fille sont dans un wagon de première classe, lui se retrouve à l'arrière dans un wagon à bestiaux.
Le train part, il ralentit, il s'arrête, il repart, il s'arrête de nouveau, plusieurs heures passent, le trafic est ralenti, des wagons sont détachés, d'autres sont attachés, tant et si bien qu'il finit par être séparé de sa femme et de sa fille.
C'est alors qu'il remarque Anna, une jeune femme qui ne bavarde pas, et qui finit par s'ouvrir à lui : elle est allemande mais elle fuit son pays, car elle est juive.
Et dans la promiscuité de ce wagon, des histoires naissent : amitié, amour, coup d'un soir, plus personne ne sait vraiment qui il est et chacun est libre de devenir un autre, de se découvrir autrement, une expérience sur plusieurs jours que va vivre Julien, entamant une relation charnelle avec Anna et découvrant sans doute l'Amour pour la première fois.
Ayant beaucoup aimé le livre de Georges Simenon je n'ai pu qu'aimer l'adaptation cinématographique qui en a été faite car, à quelques détails près (notamment la fin), elle est très fidèle au roman.
L'atmosphère de 1940 est extrêmement bien rendue à l'image : le désordre, le chaos, les gens qui fuient, les trains qui ont du mal à circuler, chacun qui cherche sa chacune, c'est très bien rendu à l'image.
Et puis au beau milieu de tout ce chaos, il y a la rencontre, celle de Julien et d'Anna, une histoire belle et émouvante, avec un homme qui découvre pour la première fois de sa vie le plaisir charnel, le désir, des sentiments qu'il ne connaît pas avec sa femme.
Anna est une femme auréolée de mystère, elle demeure ainsi pendant tout le film même si elle se dévoile par petit bout.
Les acteurs ont été choisis à la perfection : Jean-Louis Trintignant campe de façon formidable un homme simple, dépassé par les événements et qui apprend à se lâcher et à profiter du moment présent; Romy Schneider est formidable (pléonasme, Romy Schneider, par définition, est formidable) dans cette femme allemande fuyant son pays et les persécutions car juive, elle est touchante, pleine de mystère, sensuelle, et le couple qu'elle forme à l'écran avec Jean-Louis Trintignant est magique; quant aux rôles secondaires les acteurs ont tous été bien choisis et correspondaient bien à l'image que je me faisais d'eux, notamment cette femme dans le train qui s'offre un soir à un homme, puis le lendemain à un autre (avant de juger remettez l'histoire et les personnages dans le contexte).
Le voyage semble long mais au bout il y a la délivrance et quelques jours de bonheur à La Rochelle, j'ai vraiment vécu à l'image ce voyage comme je l'avais imaginé en lisant le roman.
La fin est quelque peu différente de celle du livre, mais essentiellement parce que cette dernière ne se prêtait pas à être adaptée au cinéma, j'ai trouvé celle proposée par le réalisateur tout aussi bien; quant au reste, c'est avec joie que j'ai retrouvé les émotions et le cheminement des personnages qui m'avaient habitée au cours de ma lecture.
La mise en scène est excellente, la musique est très belle, c'est un film auquel je n'ai rien à reprocher et qui n'a pas excessivement vieilli, il se suit avec plaisir et la beauté des images vaut largement le splendide jeu des acteurs.
"Le train" de Pierre Granier-Deferre fait partie de ses bijoux cinématographiques tombés dans l'oubli, un film de toute beauté à découvrir de tout urgence, servi par deux grands acteurs du cinéma français; et au-delà du film, je ne peux qu'inciter à découvrir le roman éponyme de Georges Simenon, bien loin de l'univers des Maigret et appartenant à ses "romans durs", qui est lui aussi un petit bijou littéraire.
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