Kat Connors a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité, Kat semble à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère… (AlloCiné)
Avec pour toile de fond la fin des années 80, "White Bird" retrace le parcours de fin d'adolescence de Kat Connors dans une Amérique presque surannée.
Kat a 17 ans lorsque sa mère disparaît un jour d'hiver. Comme elle le dit, un jour elle était là à faire le ménage et la cuisine, et le lendemain elle a disparu.
Dans le fond, Kat n'est pas affectée par la disparition de sa mère, elle est bien plus préoccupée par ses émois d'adolescente et la découverte de son corps et de la sexualité avec son petit ami.
Son père est un homme mou et effacé, elle ne lui en veut pas et ne s'interroge pas sur les circonstances de la disparition de sa mère, ce qui n'est pas le cas de l'inspecteur en charge de l'affaire ni de ses meilleurs amis ou de son petit ami, bien que celui-ci semble avoir entretenu des rapports ambigus avec la mère de Kat.
Et puis, Kat se met à rêver, des rêves glacés, froids, peuplés de neige et de lac gelé avec sa mère qui sans cesse lui apparaît.
Alors Kat commence à s'interroger.
La première impression que je retiens de ce film, c'est l'ambiance qui s'en dégage, avec en toile de fond une époque passée qui semble lointaine sans l'être tant que ça au final et une Kat qui arrive le walkman vissé sur les oreilles en écoutant "Heartbreak Beat" de The Psychedelic Furs.
Je commence tout de suite par la bande originale, elle est tout simplement sublime, entre les compositions originales de Robin Guthrie et Harold Budd et les reprises de chansons des années 80 de The Cure, Depeche Mode, Tears for Fears pour ne citer qu'eux.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un aussi gros coup de cœur pour une bande originale qui sert à merveille les images du film et l'histoire.
La seconde, c'est, outre l'intrigue autour de la disparition de la mère de Kat, l'excellence du jeu des acteurs, à commencer par la jeune Shailene Woodley qui était inconnue au bataillon jusque-là (oui, "Divergente" n'est pas parvenu jusqu'à moi), la justesse de Christopher Meloni dans ce rôle de père complètement amorphe face à la disparition de sa femme et le désespoir d'Eva Green dans le rôle de cette "femme au foyer désespérée" qui dépasse bien souvent le stade d'hystérique pour essayer d'exister aux yeux des autres, à commencer par ceux de sa fille et de son mari.
L'intrigue semble tourner en rond pendant un moment, ou en tout cas ne pas réellement prendre son envol.
En réalité, il n'en est rien et il faut attendre les toutes dernières minutes pour avoir la révélation sur cette disparition, sans que le spectateur ne s'y soit forcément attendu.
Ce film est d'ailleurs adapté d'un roman de Laura Kasischke, pour avoir lu un roman de cette auteur en toute honnêteté je n'ai pas été surprise par le dénouement, c'est tout à fait dans son style de faire éclater une telle révélation après avoir semé quelques pistes qui n'ont jamais abouti.
Enfin, les dialogues sont ciselés et il y a de très belles phrases qui sont prononcées tout au long du film.
J'ai également apprécié la mise en scène de Gregg Araki dont c'était la première fois que je voyais un film.
Il y a de très belles mises en scène et prises de vue, le choix temporel est également judicieux avec une ellipse de deux ans entre la disparition et le dénouement de l'intrigue, tandis que dans le même temps Kat a continué à évoluer vers l'âge adulte.
Gregg Araki a su capter avec justesse toute la sensualité du personnage campé par Eva Green ainsi que sa détresse, en la représentant en femme au foyer parfois langoureuse, parfois séductrice, mais bien trop souvent mal dans sa peau et n'arrivant pas à faire le deuil de sa jeunesse et de sa carrière avortée.
"White Bird" est donc un film débordant d'esthétisme avec une mise en scène tirée au cordeau.
"White Bird" de Gregg Araki est un beau film sur l'éveil à la sexualité d'une adolescente tandis que sa mère disparaît brutalement du jour au lendemain, une forme de morale philosophique qui voudrait que pour que la fille puisse se révéler il faille que la mère disparaisse, comme si deux êtres aussi sensuels ne pouvaient cohabiter sous le même toit.
Un beau film de l'automne à voir, avec une bande originale envoûtante.
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