lundi 10 novembre 2014

Samba d'Eric Toledano et Olivier Nakache



Samba, sénégalais en France depuis 10 ans, collectionne les petits boulots ; Alice est une cadre supérieure épuisée par un burn out. Lui essaye par tous les moyens d'obtenir ses papiers, alors qu'elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association. Chacun cherche à sortir de son impasse jusqu'au jour où leurs destins se croisent... Entre humour et émotion, leur histoire se fraye un autre chemin vers le bonheur. Et si la vie avait plus d'imagination qu'eux ? (AlloCiné)


Après l'énorme succès d' "Intouchables", Eric Toledano et Olivier Nakache étaient attendus au tournant avec leur prochain film.
S'ils ont gardé Omar Sy comme acteur (un récurrent sur tous leurs films), ils ont choisi de prendre un virage en s'intéressant au personnage de Samba, Sénégalais vivant en France depuis 10 ans, sans papiers et accumulant les petits boulots; et à sa rencontre avec Alice, une cadre supérieure se reconstruisant après un burn-out.
Lui essaye d'obtenir des papiers, elle essaye de comprendre ce qui lui est arrivé mais elle a aussi un coup de cœur pour cet homme qui est son exact, ou presque, opposé.
Dans cette association, tout le monde cherche à s'en sortir : les uns à obtenir des papiers, d'autres à se donner bonne condition, d'autres pour se battre pour leurs idéaux; et au milieu de toute cette jungle humaine, il y a l'amitié, la débrouille, les petits boulots, les gros bobos de la vie et des liens qui se nouent entre toutes ces personnes.
En fait, le virage n'a pas tellement eu lieu, car en se penchant sur la filmographie des deux hommes, on retrouve les mêmes valeurs dans tous leurs films : le partage, l'entraide, l'amitié, l'ouverture vers les autres, le tout dans la bonne humeur.


Ce film a le mérite de nous montrer l'envers du décors, que l'on a d'ailleurs pas toujours envie de voir ou que l'on choisit délibérément de ne pas voir : celui du monde du travail parallèle avec les paiements de la main à la main, le recrutement "sauvage" pour des boulots que d'autres ne veulent pas faire, et tandis que certains, comme au début du film, font la noce, d'autres sont en cuisine à faire la plonge, payés "au black" comme on dit.
Samba fait partie de ces gens-là, mais les réalisateurs ont réussi à ne jamais grossir le trait ou à se poser en moralisateurs, ils racontent l'histoire de cet homme et de sa rencontre avec Alice, une femme intelligente, avec un bon poste mais qui a fini par confondre vie privée et vie personnelle, jusqu'à péter les plombs.
Parlons tout de suite de la justesse du jeu des comédiens, Omar Sy est très convaincant en Sénégalais en galère de papier; Charlotte Gainsbourg a un jeu très juste, j'ai été frappée à quel point elle a réussi à appréhender cette femme : complètement renfermée et à côté de la plaque du fait de sa dépression, marginalisée de toute relation sociale et qui finit par les redécouvrir, et tout à coup elle devient lumineuse et souriante, en vie devrai-je dire, enfin.
Tahar Rahim serait presque méconnaissable dans son rôle, mais il illumine le film de sa présence et forme un duo qui fonctionne avec Omar Sy.
Et puis il y a Izia Higelin dans un très bon second rôle, je la connaissais en tant que chanteuse et j'en avais entendu le plus grand bien en tant qu'actrice, je confirme, elle a un jeu très frais et vif, à l'image de ce qu'elle est sur scène.
Côté scénario, il n'y a pas de réelles surprises, je dirai même que certaines ficelles sont un peu grosses, mais comme l'ensemble respire l'espoir et fait entrevoir une forme de joie de vivre, je ne vois pas pourquoi je m'en priverai en chipotant sur ce point.
Il n'y a pas que de la peur et de la tristesse dans ce film, mais également de belles pointes d'humour et des moments très drôles, comme celui où Alice retourne travailler et entre dans la salle de réunion.
Eric Toledano et Olivier Nakache réussissent à signer un beau film sans jamais tomber dans le pathos et le discours politique, un joli tour de main tout en sachant que ce film arrive à mêler à merveille le drame et l'humour.


Humainement, je trouve que "Samba" est un film très beau, à la fois par rapport à l'histoire des différents personnages et aux relations qui se nouent, mais aussi par rapport à ce qu'il dégage et apporte au spectateur : du baume au cœur, et ça, c'est inestimable.
Un beau film de l'automne dont il serait dommage de se priver.




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