À la suite du décès de sa meilleure amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la vie. (AlloCiné)
Un film de François Ozon, c'est un peu comme ceux de Woody Allen, tous les ans on l'attend parce que, aussi immuables que les hirondelles, il revient chaque fois avec une nouvelle idée, une nouvelle surprise.
Car un film de François Ozon, c'est avant tout une surprise, comme un cadeau de Noël avant l'heure : on ne sait jamais bien ce que l'on va trouver dans le paquet.
Et donc cette année, il s'agit de l'histoire de Claire, une jeune femme qui vient de perdre sa meilleure amie et qui sombre dans une dépression, jusqu'au jour où elle va découvrir le surprenant secret du mari de son ami qui, par ce biais va lui redonner goût à la vie.
Et je vais m'arrêter là ! (et ne pas faire comme la journaliste à la télévision que j'aurai piler pour avoir annoncé le fameux secret en question).
Je n'ai jamais caché que j'adorais les films de François Ozon, à peu de choses près j'ai dû tous les voir et j'ai rarement été déçue.
En fait, je n'ai jamais été déçue mais il y en a qui ont plus ma préférence que d'autres.
François Ozon, c'est le réalisateur un peu génial de la nouvelle génération, beaucoup touche à tout et qui ose, qui ose ... pour le plus grand bonheur du spectateur enfin, quand celui-ci aime car un film de François Ozon a la grande qualité de ne jamais laisser indifférent, dans le mauvais sens comme dans le bon.
François Ozon c'est celui-ci qui, la première fois qu'il a rencontré Charlotte Rampling, lui a dit : "J'aimerais vous filmer en train de passer l'aspirateur", avec ça tout est dit.
Donc, pour en revenir à nos moutons (je m'égare, je m'égare ...), ici le film commence de façon morbide par la mise en bière de Laura, le tout sous fond musical de mariage.
Le ton est donné, en quelques images le réalisateur revient sur la rencontre et la naissance de l'amitié entre Claire et Laura, puis enchaîne sur la reconstruction de Claire, sa dépression et la découverte du secret de David.
J'aime énormément la bande annonce car elle reste mystérieuse et laisse le spectateur deviner lui-même de quoi il en retourne.
Je m'en excuse par avance mais il va m'être difficile de ne pas révéler l'un des éléments clés du film, si vous ne souhaitez pas être spoilé vous pouvez aller directement à la conclusion.
Et là, c'est le tour de force du jeu d'acteur de Romain Duris qui campe David, un veuf élevant seul sa fille, mais qui aime s'habiller en femme et devient, avec la complicité de Claire, Virginia.
Claire au début ne comprend pas, elle est choquée voire même dégoûtée de découvrir cet aspect de David mais elle finit par se prêter au jeu et ne peut bientôt plus se passer de Virginia.
C'est le côté pervers du film, elle aime cette nouvelle amie alors qu'elle n'était pas proche de David, le spectateur ne sait plus sur quel pied danser et imagine toutes les fins possibles, sauf celle qui l'est vraiment.
J'ai aimé cet aspect du film car il oblige en quelque sorte le spectateur à réfléchir et à se mettre à la place de Claire, et le sujet traité ne tombe jamais dans le côté provoquant ou grossier, c'est toujours sensible et jamais méchant, une belle réussite car ce n'était pas évident.
Il faut dire que le sujet retenu était plutôt dangereux : parler d'un homme complètement hétérosexuel qui aime s'habiller en femme, le pari était osé.
Je suis d'ailleurs curieuse de découvrir la nouvelle de Ruth Rendell dont le réalisateur s'est inspiré pour écrire son scénario.
Malgré le tragique de l'histoire, il y a aussi des situations drôles et cela contribue à dédramatiser la situation.
J'ai découvert l'excellente Anaïs Demoustier, très juste dans le rôle de cette jeune femme touchée par un drame et qui finit par retrouver le bonheur; Romain Duris est à couper le souffle et s'il a fait de nombreux efforts pour le rôle il peut être fier de sa prestation.
Côté découverte, j'ai également remarqué, enfin devrai-je dire car ce n'était pas la première fois que je le voyais à l'écran mais ça ne m'avait pas marquée, Raphaël Personnaz qui campe de façon convaincante un second rôle qui n'était pas non plus forcément facile à tenir.
Et puis, comme tout film de François Ozon qui se respecte, la mise en scène et la musique sont toujours très soignées.
"Une nouvelle amie" est un film surprenant et étonnant jusqu'à son ultime rebondissement, l'un des meilleurs films de cet automne qu'il serait dommage de manquer et sans doute l'un des meilleurs films de François Ozon, l'un des prodiges du cinéma français d'aujourd'hui.
PS : Il serait sans doute judicieux de modifier le message d'avertissement pour ce film et de remplacer le traditionnel par " des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité de Madame Boutin et ses électeurs".
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