dimanche 16 novembre 2014

Le chant du cygne Tome 1 Déjà morts demain de Cédric Babouche, Xavier Dorison et Emmanuel Herzet


Le lieutenant Katz et ses soldats ne sont pas des lâches. Combattants aguerris, ils ont souvent surgi de leur tranchée pour charger sous la mitraille. Mais aujourd'hui, ils en ont assez. L'incompétence criminelle de leurs officiers menace une fois de plus de les emmener au désastre. Ils décident de déserter. Pas pour fuir, pas pour se cacher. Ils se rendront ensemble à Paris pour déposer une pétition au parlement au nom de leurs frères de bataille. Commence alors le plus beau et le plus désespéré des périples... (Le Lombard)

En 1917, l'armée Française est enlisée depuis trois ans dans la Première Guerre Mondiale, la vie dans les tranchées est infernale, les assauts sont violents et laissent derrière eux des dizaines de morts à chaque fois, les décisions du haut commandement sont toutes plus absurdes les unes que les autres et plus personne ne sait vraiment ce qu'il fait ici et ce qu'il a à y faire, hormis sauver sa peau : "Ça fait trois ans que personne sait ce qu'il fait.".
Le lieutenant Katz et ses soldats font partie des bons petits soldats qui exécutent les ordres sans rechigner, jusqu'à ce jour où un document étrange parvient aux soldats : "C'est la pétition de la côte 108, les gars. La seule et unique pétition de la côte 108.".
La pétition de la côte 108, c'est un mythe qui devient réalité, toute une liste de signatures de milliers de poilus qui veulent mettre fin à cette guerre et aux boucheries, voire renverser le gouvernement.
Mais le haut commandement ne l'entend par de cette oreille : "La pétition de la côte 108 repose sur un mensonge. Un faux destiné à tromper de braves soldats comme vous.", et lorsque les hommes de Katz se rendent compte qu'ils se sont faits berner une fois de plus ils décident de traverser la France pour porter cette pétition à l'Assemblée Nationale : "Les menteurs, c'est fini ! On monte sur Paris, on trouve Morin, et on lui donne la pétition !".

Voilà une histoire plutôt originale sur la Première Guerre Mondiale, écrite sous forme d'un road movie de soldats qui n'en peuvent plus de trois années d'horreur et qui n'aspirent qu'à retourner chez eux, entiers si possible.
Le postulat de départ est assez atypique pour être signalé et c'est sans doute ce qui explique que j'ai mis autant de temps à rédiger cette chronique, parce que si j'ai aimé cette bande dessinée je ne savais pas vraiment par quel bout la prendre tant il y a de choses à en dire.
Il y a une grande et belle galerie de personnages hauts en couleur, à tel point que j'ai eu un temps d'adaptation pour les reconnaître, mais les hommes du lieutenant Katz finissent par devenir attachants et forment un drôle de groupe d'hommes décidés à en découdre avec le gouvernement pour mettre fin à la guerre.
De ce que l'on sait de cette époque et des révoltes de soldats qui ont vraiment eu lieu dans les tranchées, cette histoire originale signée Xavier Dorison et Emmanuel Herzet n'est pas surprenante outre mesure.
Elle a l'énorme avantage d'être très humaine au milieu de la barbarie, d'ailleurs les scènes de combats sont d'un réalisme étonnant et l'entraide entre les hommes ressort bien au milieu des dialogues savoureux où les personnalités de tous se frottent les unes aux autres.
Le lecteur passe ainsi de l'horreur au rire face aux échanges entre les hommes et à la forme de bonne entente qui règne entre eux.
Les dessins de Cédric Babouche font partie des points forts de ce roman : les scènes et les paysages de désolation sont réalistes au point de glacer d'effroi le lecteur, certains personnages sont hideux d'avoir été défigurés par la guerre au point de faire peur, il y a une urgence par moment dans le trait du dessin qui fait ressortir tout le danger de cette période tandis qu'à d'autres il y a une certaine douceur.
J'ai eu un léger temps d'adaptation car chaque planche est relativement bien fournie en détails et il ne faut pas hésiter à prendre son temps pour découvrir et savourer chaque image.
Les dessins sont à peu de choses près des aquarelles et la mise en couleur a été particulièrement bien faite avec des tons sombres et des dégradés de marron et jaune pour les scènes dans les tranchées, et des tons plus clairs pour le périple champêtre vers Paris que ces soldats ont choisi de faire, car quitte à mourir, autant le faire pour une raison qu'ils connaissent, qu'ils acceptent et qu'ils trouvent juste.

Ce premier tome du "Chant du cygne" permet de découvrir une histoire de poilus originale dans ce contexte de commémoration des 100 ans de la Première Guerre Mondiale qui, en plus d'être signée par trois grands noms de la bande dessinée, gagne à être connue et à devenir l'une des bandes dessinées incontournables de la collection Signé des éditions Le Lombard.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Le Lombard pour l'envoi de cette bande dessinée.

Livre lu dans le cadre du Club des Chroniqueurs Signé

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