lundi 17 décembre 2018

Les hommes protégés de Robert Merle


À la suite d'une épidémie d'encéphalite qui ne frappe que les hommes, les femmes les remplacent dans leurs rôles sociaux, et c'est une Présidente, Sarah Bedford, féministe dure, qui s'installe à la Maison-Blanche. Le Dr. Martinelli, qui recherche un vaccin contre l'encéphalite, est enfermé avec d'autres savants à Blueville, dans une «zone protégée» qui les tient à l'abri de l'épidémie mais dans un climat de brimades, d'humiliations et d'angoisse. Martinelli acquiert vite la conviction que son vaccin ne sera pas utilisé, du moins sous l'Administration Bedford. C'est paradoxalement chez les femmes qu'il trouvera ses alliées les plus sûres et par les femmes qu'il sera libéré. Mais, une fois Bedford remplacée à la Maison-Blanche par une féministe modérée, Martinelli saura-t-il s'adapter à une société où les hommes ne jouent plus qu'un rôle subalterne ? (Gallimard)

Depuis le temps que je voulais lire du Robert Merle, il était temps que je franchisse le pas.
D'autant que ce n'était pas le roman avec lequel je voulais commencer la découverte de cet auteur, mais le hasard fait bien les choses.
Ici il s'agit de science-fiction, un mystérieux virus sous forme d'encéphalite fait son apparition et touche exclusivement les hommes, toutefois ceux en-dessous de la soixantaine.
Cela va évidemment ravager la population mondiale, inverser les rôles et bouleverser les politiques de tous les pays, à l'exception de la France qui a à sa tête des hommes âgés.
Tout cela est suivi à travers le personnage du Docteur Martinelli, un américain se retrouvant enfermé dans un camp avec d'autres scientifiques pour les préserver du virus et leur permettre de mener des travaux de recherche pour l'endiguer.

Ce roman est paru pour la première fois en 1974, et bien il est toujours d'actualité et n'a pas vieilli en ce qui concerne l'intrigue, ceci est peut-être moins vrai pour le style.
Il est particulièrement intéressant d'observer ce qui se passe au niveau des nations lorsque les hommes tombent des mouches et doivent être remplacés par des femmes.
Déjà, on découvre que des pans de la société s'écroulent car même si les femmes sont capables d'énormément de choses certaines leur demeurent inaccessibles, ou difficilement réalisables.
Ensuite, on constate que les femmes ne font pas forcément mieux que les hommes ni ne prennent de meilleures décisions.
Certains hommes se retrouvent dans la même situation que les femmes : ils sont à leur tour violés, les discriminations ethniques et les disparités sociales ne disparaissent pas, tout comme la guerre et la violence.
Certaines femmes n'hésitent même pas à abuser de leur situation et de leur pouvoir.
Ce récit m'a d'ailleurs énormément fait penser au roman de Naomi Aldemran "Le pouvoir", comme quoi plus de quarante ans avant Robert Merle avait lui aussi montré que la domination des femmes n'amènerait pas forcément du mieux par rapport à celle des hommes.
Certains hommes se retrouvent donc parqués, soit-disant pour leur protection et leur permettre de travailler sereinement à une solution à ce virus, mais la vérité est toute autre et là encore les femmes usent et abusent, pour certaines, du pouvoir entre leur main : "On nous donne l'impression que nous sommes tolérés en raison de nos travaux, mais qu'aucune estime ne nous est due, et encore moins, de sympathie.".
Il y a toutefois de l'humour dans ce roman, le personnage de Martinelli est d'ailleurs bien souvent au centre ou la cause de cet humour.
De par ses origines Italiennes il a une certaine conception des rapports hommes/femmes qui se retrouve mise à mal avec la situation courante.
Il est aussi souvent dépassé par les événements et entouré de femmes bien plus malignes que lui qui l'utilisent d'ailleurs pour parvenir à leur fin.
J'ai également noté une dimension érotique dans ce récit : de la part des hommes qui enfermés profitent du moindre moment pour épier les femmes et pour qui le moindre geste peut avoir une signification profonde et entraîner des rêves chauds, très chauds, mais aussi des femmes pour qui les hommes deviennent une denrée rare.
Et puis il y a la fin, cette fin si ... comment dire ... difficile de la qualifier avec des mots, mieux vaut la lire, elle m'a en tout cas fait penser à un autre roman lu il y a quelques temps : "Ravage" de René Barjavel.

"Les hommes protégés" est un bon roman de science-fiction qui n'a pas pris une ride et mérite d'être découvert, pour ma part je vais continuer de découvrir les récits de Robert Merle.

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