vendredi 14 décembre 2018

Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu


Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence. (Actes Sud)

Ce roman, c'est le récit d'une génération sacrifiée, foutue par le chômage et la désindustrialisation, c'est celle des années 90, des chansons de Nirvana et autres groupes de musique, des pétards que l'on fume pour passer le temps l'été et des bières que l'on s'enfile pour oublier sa misère, et puis c'est 1998 et le premier succès de l'équipe de France au mondial de football.
C'est la France de l'Est, celle des hauts fourneaux, des villes qui se sont bâties autour des usines de métallurgie, une France loin des clichés de la Côte d'Azur et qui ne fait pas rêver, une France dont on ne parle que lorsque tout va mal ou qu'il y a des bagarres et des règlements de compte.
Pourtant, c'est aussi ça la France.

Ce roman a beau se passer dans les années 90 il s'étale sur presque dix ans en allant de deux ans en deux ans et toujours l'été, la belle saison, celle où il y a un peu de soleil et de chaleur; et puis il est  écrit dans un style moderne, celui que l'on parle aujourd'hui entre amis.
Ce roman a un côté très moderne, pourtant ce n'est pas par son style qu'il brille, en tout cas c'est le genre de style qui ne me plaît pas trop mais dont je reconnais qu'il est tout à fat ancré dans la vie actuelle.
Ce que j'ai surtout apprécié dans ce roman ce sont les personnages dont il est question et l'époque, car finalement elle n'est pas si éloignée que cela et pourtant il n'en a jamais été réellement question dans les romans actuels, ou alors pas concernant cette frange de la population.
C'est surtout cela que je retiens du récit, et le pire c'est que la situation aujourd'hui n'a pas vraiment évolué et que certaines personnes connaissent toujours cette misère dont il est question ici.
Il est terrible de constater que les années passent et la misère demeure toujours autant dans certaines régions de France.
Les personnages ont également un côté attachant, j'ai pris plaisir à les suivre, à les voir grandir et mûrir ainsi que les interactions entre eux, le récit étant bâti sous forme de roman choral.
Par contre je ne suis pas bien sûre que cela méritait un Goncourt, certes le principe de base est plutôt inhabituel et met à l'honneur un territoire et des personnes que l'on a tendance à oublier voire mépriser, mais il n'y a rien d'éblouissant au niveau du style ou de l'ensemble, voilà un prix qui me laisse quelque peu dubitative.

"Leurs enfants après eux" est la photographie de l'Est de la France dans les années 90, une période dont il est finalement peu question dans la littérature, un roman à découvrir pour cet aspect mais un Goncourt qui ne restera sans doute pas dans les annales.

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