dimanche 13 novembre 2016

Brooklyn de Colm Tóibín


Enniscorthy, sud-est de l'Irlande, années 1950. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Eilis Lacey, diplôme de comptabilité en poche, ne parvient pas à trouver du travail. Par l'entremise d'un prêtre, sa sœur Rose obtient pour elle un emploi aux États-Unis. En poussant sa jeune sœur à partir, Rose se sacrifie : elle sera seule désormais pour s'occuper de leur mère veuve et aura peu de chance de se marier. Terrorisée à l'idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de Rose, Eilis quitte l'Irlande. 
À Brooklyn, elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et commence son existence américaine sous la surveillance insistante de la logeuse et des autres locataires. Au début, le mal du pays la submerge, la laissant triste et solitaire. Puis, peu à peu, elle s'attache à la nouveauté de son existence. À son travail de vendeuse dans un grand magasin ou les premières clientes noires font une apparition timide qui scandalise les âmes bien-pensantes - sauf Eilis, qui, dans sa petite ville d'origine, n'a jamais connu le racisme. Au bal du vendredi à la paroisse du quartier. Aux cours du soir grâce auxquels elle se perfectionne en comptabilité. Dans ce rythme entre monotonie rassurante et nouveautés excitantes, Eilis trouve une sorte de liberté assez proche du bonheur. Et quand Tony, un Italien tendre, sérieux et très amoureux, entre dans sa vie, elle est convaincue que son avenir est tout tracé : elle deviendra américaine. 
Mais un drame familial l'oblige à retraverser l'Atlantique pour un séjour de quelques semaines en Irlande. Au pays, Eilis est devenue une femme à la mode, désirable, parée du charme des exilées. Brooklyn, Tony, la vie américaine se voilent de l'irréalité des rêves. Un nouvel avenir l'attend dans la bourgade de son enfance : un homme prêt à l'épouser, un travail. 
Deux pays, deux emplois, deux amours. Les possibilités inconciliables déferlent sur Eilis, lui infligeant cette petite mort que suppose l'impératif des choix. (Robert Laffont)

Dans les années 50, la jeune Eilis Lacey finit par quitter son Irlande natale et sa ville d'Enniscorthy pour tenter de trouver un travail et se bâtir un avenir de l'autre côté ce l'Atlantique, à New York, plus précisément dans le quartier de Brooklyn : "Jusqu'à présent, Eilis avait toujours cru qu'elle vivrait toute sa vie, comme sa mère avant elle, dans cette ville où elle était connue de tous; elle avait cru qu'elle garderait toute sa vie les mêmes amis, les mêmes voisins, les mêmes habitudes, les mêmes itinéraires. Elle avait imaginé qu'elle trouverait un emploi en ville et que, par la suite, elle épouserait quelqu'un et laisserait son travail pour élever ses enfants.".
Cette possibilité, et cette place de vendeuse dans un magasin, elle l'obtient grâce à sa sœur Rose et à un prêtre Irlandais parti à New York depuis plusieurs années.
Là-bas, elle connaît bien vite le mal du pays mais s'accroche, reprend des études en parallèle de son travail et croise le chemin de Tony, un Américain d'origine Italienne, dont elle finit par tomber amoureuse : "C'était un sourire chaleureux, sincère, indiquant à Eilis qu'elle avait affaire à un homme stable, presque mûr, et que, quelle que soit la nature de leur relation, en réalité, il ne plaisantait pas du tout.".
Mais un drame l'oblige à retourner en Irlande, Eilis se trouve alors déchirée entre sa mère, son pays natal, ses amis et sa rencontre avec Jim Farrell, la promesse d'un emploi dans sa ville natale; sa nouvelle vie à New York, son emploi, ses examens qu'elle a réussis avec succès, et son amour Tony.

C'est parce que j'ai vu il y a quelques mois l'adaptation cinématographique de ce roman par John Crowley et Paul Tsan avec la formidable Saoirse Ronan (et je n'en ai pas parlé sur le blog ...) que j'ai eu envie de lire le roman dont le film était tiré.
Mais j'ai décidé de laisser passer quelques mois, afin d'estomper un peu le film pour me plonger complètement dans le récit.
Au final le temps a passé mais l'effet du film ne s'est pas vraiment estompé, tout au long de ma lecture j'avais donc les images du film qui défilaient devant mes yeux.
J'ai d'ailleurs pu constater que cette adaptation était très fidèle au roman et aux personnages, si vous avez aimé le film vous aimerez donc le livre, et inversement.
C'était le premier roman de Colm Tóibín que je lisais mais je vais continuer à découvrir cet auteur car son style et sa narration m'ont beaucoup plu.
C'est très bien écrit, même si l'ensemble est assez psychologique, dans le sens basé sur la personne et le ressenti d'Eilis, et qu'il n'y a pas de véritable action, l'intrigue prend le temps d'être posée, tout comme les personnages, et l'histoire défile au fur et à mesure que le personnage d'Eilis évolue dans la vie et se découvre.
L'intrigue est bien entendu basée sur des faits réels, nombre d'Européens ont émigré aux Etats-Unis dans les années 40/50 dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure, et tout cela est raconté à travers le personnage d'Eilis.
Cette jeune femme est très touchante et attachante, elle connaît de dures épreuves, notamment la séparation d'avec sa famille, et se retrouve livrée à elle-même, d'abord dans une traversée où elle est malade comme un chien et où sa compagne de cabine finit par la prendre sous son aile, puis dans un pays et une ville qu'elle va découvrir au fur et à mesure.
Ce sont des épreuves difficiles à vivre, quelle que soit l'époque et l'âge auquel on y est confronté.
Le personnage d'Eilis évolue tout au long du roman et c'est un véritable plaisir que d'être peiné avec elle et d'éprouver la nostalgie qu'elle ressent ainsi que de découvrir sa transformation, de chrysalide en papillon, alors qu'elle se retrouvera une nouvelle fois confrontée à un cruel dilemme : rester auprès des siens en Irlande ou retrouver sa nouvelle vie à New York.
C'est une belle et profonde histoire qui a su m'émouvoir à travers le personnage de la sensible Eilis dont il est très facile, en tant que lecteur, de se rapprocher et d'éprouver de l'empathie.

"Brooklyn" est un beau roman sur l'épanouissement d'une jeune femme déchirée entre son Irlande natale et les Etats-Unis où elle a commencé à bâtir sa vie signé par Colm Tóibín, l'une des références de la littérature Irlandaise moderne.

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