Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris. (AlloCiné)
Ben (Viggo
Mortensen) a décidé, avec sa femme, de vivre isolé de la société, dans un coin
de forêt reculée du nord-ouest des Etats-Unis.
Ils y
élèvent leurs six enfants, leur font la classe mais leur expliquent aussi
comment chasser, dépecer des animaux, faire de l’escalade par tous les temps, en
somme survivre, dans l’unique but de faire d’eux des adultes extraordinaires.
Mais la
maladie de la mère va mettre un frein et va obliger le père et les enfants de
quitter ce paradis pour se confronter au monde extérieur.
Si vous
imaginez voir un super héros vêtu d’un collant vert moulant, vous allez être
déçus car en guise de héros il y a Ben, ce père de famille dévoué, persuadé
d’avoir raison dans l’éducation et le mode de vie qu’il a choisi et qui va être
amené à se questionner sur celui-ci et le remettre en question.
Si par
contre vous vous fichez du super héros en collant vert moulant, alors vous
allez être satisfaits (et pas simplement parce qu’il s’agit de Viggo Mortensen)
et ce film pourrait très certainement vous plaire.
Ben et sa
femme ont créé une véritable utopie, cette dernière la compare dans une lettre à
la République de Platon, ils vivent en marge de la société, du système scolaire,
et par ricochet les enfants n’ont rien connu d’autre que ce mode de vie.
J’aime assez
le principe de l’histoire de ce film, basée sur une utopie, car cela amène à se
questionner, à réfléchir, d’autant que j’ai souvent tendance à reprocher les
chemins tout tracés et les lieux communs.
Autant dire
qu’ici j’ai été servie car il n’y a rien de banal ou de commun dans cette
histoire, à commencer par le mode de vie et en passant par les fêtes puisque
Ben et ses enfants célèbrent le Noam Chomsky Day en lieu et place de Noël (et
oui, car il vaut mieux «célébrer un humaniste vivant qu’un elfe fictif»).
Outre l’histoire,
l’un des atouts indéniables du film est la présence de Viggo Mortensen dans le
rôle de ce père de famille charismatique.
C’est un
acteur très intéressant et également à part, il a d’autres cordes à son arc
comme la photographie ou la chanson, et je trouve qu’il dégage à chaque fois
une aura un charisme fou (c’était déjà le cas dans son rôle d’Aragorn ou encore
chez David Cronenberg).
Il porte
littéralement ce rôle de père gérant seul sa tribu de six enfants dans un mode
de vie unique en son genre.
Il reste buté
sur ses positions, l’une des scènes fortes est d’ailleurs celle où les enfants
l’attendent dehors avec leurs bagages prêts à partir et que celui-ci refuse et
ne leur cède pas, il n’admet pas ses erreurs et pendant longtemps reste aveugle
aux dangers et aux problèmes générés par son mode de vie.
C’est son
beau-père Jack (Frank Langella) qui va lui ouvrir les yeux en employant la
force et en mettant à exécution sa menace de lui retirer la garde de ses
enfants.
J’aime assez
ce personnage qui ose s’opposer à celui de Ben, tellement charismatique que
personne n’ose lui faire front, pas même sa femme (pour rappel que l’on
n’entraperçoit qu’à deux reprises sous forme de songe), et qui toutefois ne le
déteste pas non plus.
Ben est un
idéaliste qui se bat pour ses convictions et qui apprend à ses enfants à en
faire de même, à trouver par eux-mêmes la liberté, mais cela suffit-il pour
faire un monde idéal ?
Décidément
cette réflexion, élément central du film, mérite d’y réfléchir plusieurs heures
et d’en débattre.
Face à ce
père, que je n’irai pas jusqu’à qualifier de gourou mais presque, il y a les
enfants, à commencer par Bo (épatant George MacKay), qui sont très crédibles à
l’écran, non seulement d’un point de vue de fratrie mais également
physiquement.
C’est une
famille qui fonctionne et les jeunes acteurs sont tous très justes dans leur
rôle.
Il y a
véritablement de très belles scènes dans ce film, à la fois éprouvantes – comme
cette scène d’ouverture avec la mise à mort d’un animal et le rite de passage à
l’âge adulte de Bo –, mais aussi drôles ou encore émouvantes, j’en retiens
d’ailleurs deux : la première est celle d’une veillée autour d’un feu où
la famille part en improvisation musicale ; la deuxième est aussi musicale
et est une formidable reprise de "Sweet Child of Mine" dans un moment
extrêmement émouvant et triste.
Parlons-en
justement de la musique, elle a une place de choix dans ce film qui a même été
visionnaire en mettant en générique de fin une reprise de "I Shall be Released"
de Bob Dylan, auréolé depuis du Prix Nobel de Littérature.
Malgré un
thème dur ce film redonne du peps et une certaine joie de vivre, à tel point
que je chantonnais en même temps que le générique.
J’ai
également beaucoup apprécié la mise en scène et le choix des décors naturels, esthétiquement
le film est aussi très beau.
Par contre,
il n’est clairement pas fait pour de trop jeunes enfants (j’ai repéré dans la
salle un couple de grands-parents avec leur petit fils qui était bien trop
jeune – moins de dix ans), ou alors vous êtes prêts à répondre honnêtement à
toutes les questions que ce film peut soulever, notamment par rapport à la mort
et aux cérémonies funéraires.
Certains
qualifient ce film de mélange entre "Into the Wild" et "Little
Miss Sunshine", je n’irai pas dans ce sens car pour moi il est unique et
mérite véritablement d’avoir un traitement propre à lui et non d’être comparé à
d’autres films dits d’auteur pour certains.
"Captain Fantastic" est à la fois une fable sociale et un road-trip familial mêlant la fantaisie au drame, une belle utopie et certainement pas une erreur cinématographique, un film émouvant comme j’aime à en voir.
"Captain Fantastic" est à la fois une fable sociale et un road-trip familial mêlant la fantaisie au drame, une belle utopie et certainement pas une erreur cinématographique, un film émouvant comme j’aime à en voir.
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