lundi 27 août 2012

84, Charing Cross Road de Helene Hanff


Pendant vingt ans, une New-Yorkaise fauchée a entretenu une correspondance avec son libraire londonien. Ses lettres, libres, émouvantes et inattendues, ont déjà conquis Anglais et Américains. (Le livre de poche)


"D’après votre publicité dans le Saturday Review of Literature, vous êtes spécialisés dans les livres épuisés.", c’est pourquoi en ce 5 octobre 1949 que Helene Hanff adresse de New-York à la librairie sise au 84 Charing Cross Road à Londres une liste de livres anciens qu’elle souhaite se procurer pour étancher sa soif de lecture : "Vous trouverez ci-joint la liste de mes "problèmes" les plus urgents".
Pourtant, Helene Hanff n’a pas fait d’études mais elle a eu un professeur qui lui a donné le goût de la littérature ancienne.
Et ce qui au début n’était qu’une relation commerciale transatlantique se transforme en correspondance qui durera près de vingt ans.
De Londres, c’est Frank Doel qui se charge de répondre à Helene Hanff et bientôt cette dernière donne à ses courriers une tournure plus amicale, n’hésitant pas à le remuer ou à le "mettre en boîte" lorsque ce dernier est trop lent à répondre à ses demandes : "Eh, Frank Doel, qu’est-ce que vous FAITES là-bas ? RIEN du tout, vous restez juste assis à ne RIEN faire.", ou à ironiser avec un humour féroce lorsqu’il y a une erreur dans l’envoi : "Je me suis cachée sous mon lit pour vous écrire, c’est là que le catulle m’a conduite.".
Et puis bien vite, c’est aussi tout le personnel de la librairie qui écrira à Helene, pour la remercier des colis de nourriture qu’elle envoie, pour l’inviter à venir, pour le plaisir d’échanger avec elle.

Lorsque Helene Hanff a regroupé sa correspondance pour la publier, elle ne pensait pas rencontrer un tel succès.
Succès tardif, mais qui lui permettra de se rendre à Londres, pour voir ce qu’il reste de la librairie.
Pour Frank Doel, c’est trop tard, il est décédé sans qu’ils aient pu se rencontrer.
Aujourd’hui, ce livre est autant lu aux Etats-Unis qu’en Grande Bretagne.
Si les lettres de Frank Doel sont à l’image de l’anglais type, celles de Helene Hanff sont pleines de vie, d’humour, d’ironie et c’est un régal de découvrir cet échange épistolaire entre deux amoureux des livres et de la littérature.
Même si Helene Hanff n’a pas suivi d’études, sa connaissance en littérature en laisse plus d’un pantois.
Car au-delà des lettres, c’est une collection des plus grands auteurs et des éditions rares qui sont énumérés et recherchés, permettant ainsi à tout lecteur amoureux de la littérature de se faire lui-même sa liste à lire.
Au-delà de tout cela, il y a aussi la formidable relation humaine qui s’est nouée entre Helene Hanff et Frank Doel, car après plusieurs années, c’est une forme d’intimité et de connaissance quasi parfaite de l’autre qui s’est instaurée.4

"84, Charing Cross Road" n’est pas qu’un simple livre épistolaire, c’est surtout l’histoire sur plusieurs décennies d’une belle amitié entre deux amoureux de la littérature auxquels la vie ne permettra pas de se rencontrer en chair et en os et un cri d’amour à la littérature.


Ce livre a été lu dans le cadre du challenge New-York en littérature 2012



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