Je pensais
qu’avec "Des vagues et des ruisseaux" La Grande Sophie – LGS, aurait atteint la
maturité et c’était avec une certaine appréhension que j’attendais ce nouvel
album.
Et bien
première claque (après j’ai tendu l’autre joue pour prendre la deuxième claque
avec Lana Del Rey et son Born to die), La place du fantôme est à pleurer
tellement cet album est beau, merveilleux, réussi, voilà L’ALBUM de la
maturité, de la consécration et ceux qui jusqu’à présent vivaient en ignorant
l’existence de La Grande Sophie devraient être touchés.
Exit les
guitares électriques omni-présentes, les chansons gaies et joyeuses où l’on
sautait à la corde avec elle et où on déambulait dans les allées d’une fête
foraine avec des ballons à la main ou dans un mariage.
Je n’irai
pas jusqu’à parodier Françoise Sagan avec son "Bonjour tristesse", mais rien que
le titre est énigmatique : "La place du fantôme", et les chansons parlent de
peur, de douleur, d’êtres disparus ou fantasmés : Tu ne viendras peut-être
jamais, de rendez-vous manqués, de rêves qui s’en vont sans dire bye-bye,
autant dire que cela n’a plus à voir avec l’image de fille gaie, joyeuse et
entraînante qui transparaissait dans ses précédents albums, hormis dans "Des
vagues et des ruisseaux".
Avec cet
album, La Grande Sophie ose : beaucoup moins de guitares, plus de percussions et de
nouveaux instruments, une voix qui va dans l’aigu et ne se contente plus de
tonalités graves ; c’était sûr, elle avait tout cela en elle, il fallait
que ça finisse par sortir un jour.
Je ne sais
trop de quel fantôme il s’agit, le fantôme étant le fil conducteur de l’album,
mais parfois il s’agit d’un amour passé, ou d’une personne disparue, ou de la
perte de ses illusions, c’est un peu le sens que chacun veut lui donner.
Mais
attention, ne sortez pas les mouchoirs avec cet album, c’est un mélange de pop,
de folk, de disco et même si les textes sont graves il n’a rien de comparable
avec une musique d’enterrement.
J’aime
toutes les chansons de cet album, je n’en citerai que quelques unes mais rien
n’est à jeter.
Parmi mes
préférées, Bye Bye Etc, Peut-être jamais avec sa terrible litanie : Tu ne
viendras peut-être jamais / Mais je dirai que j’attends toujours, Ne m’oublie
pas, Sucrer les fraises, Dans ton royaume, Ma radio, Ecris-moi (en fait j’ai
quasiment cité tous les titres).
La Grande Sophie chante "Ecris-moi", mais j’ai envie de lui répondre que non seulement elle continue à nous
écrire des chansons, mais également à nous offrir d’aussi belles chansons de
cette trempe car elle n’a, et je n’en ai jamais douté, toute l’étoffe d’une
chanteuse intense et émouvante, qui remue tripes et boyaux.
Françoise
Hardy ne s’y était pas trompée en lui confiant l’écriture d’une chanson lors de
son dernier album paru.
Je n’en ai
pas cru mes oreilles en écoutant son album, mais il a trouvé un écho en moi et
je ne sais trop de quel fantôme il s’agit, mais merci à lui d’avoir éveillé
tant de belles choses en Sophie.
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