"La Marie-Caroline" a repris sa route en direction des Antilles françaises, avec à son bord 340 esclaves qui constituent ce qui est convenu d'appeler "le bois d'ébène". Cette nouvelle étape en haute mer sera ponctuée de révoltes et de tempêtes. A jamais éprouvée par toutes ces expériences, Isa n'en aime pas moins la vie, les hommes, les femmes... mais encore plus sa liberté. (12 Bis)
Avec ce cinquième tome se clôt la
série des "Passagers du vent".
Cet album aborde des thèmes plus
graves, particulièrement celui de l’esclavagisme et est celui de la maturité, à
la fois pour François Bourgeon et également pour le personnage d’Isabeau.
Isabeau se retrouve avec une
esclave, offerte par le roi Kpëngla et, pétrie de bons sentiments, pense bien
agir avec elle en lui laissant une certaine liberté.
Mal lui en prend lorsque son
esclave se fera corriger et que celle-ci se mettra à la haïr et prendra la tête
de la révolte des esclaves sur le bateau : "Vous avez cru bien agir,
mais sans le vouloir vous l’avez enfermée dans vos rêves. Son réveil fut
brutal ! … Vous tentez de lutter contre un monde qui vous révolte, comme
je lutte contre la maladie, la souffrance et la mort. Ces sortes de combats se
perdent beaucoup plus souvent qu’ils ne se gagnent.".
Ce tome se passe entièrement à
bord d’un navire et se caractérise par une situation de crise non rencontrée
jusqu’à présent.
Les esclaves, le "bois
d’ébène", transportés à bord de la Marie-Caroline vont se révolter et
prendre possession du navire, poussant les quelques Blancs dont Isabeau restant
à bord à se retrancher dans un coin du navire.
C’est l’un des temps forts de ce
tome et c’est très bien fait.
Il transparaît une situation
tendue et angoissante, cela se ressent dans les dialogues et dans les dessins.
Toute cette scène est une réussite
et est vraiment plaisante à lire.
L’histoire développée est
intéressante, plus riche et plus complexe que dans les précédents tomes.
Ce tome est un véritable
aboutissement tout en mettant un point final, ou presque, à l’épopée d’Isabeau.
Mais c’est aussi celui des
adieux, du lecteur avec les personnages, mais également d’Isabeau avec Mary et
sa petite fille Enora, puis avec Hoel, c’est ainsi qu’elle se retrouve à la
fin : "Seule … Vraiment seule … Sans personne à aimer … Sans personne
à haïr … Ou bien haïr la mer ? … qui sait si bien donner pour toujours
tout reprendre … Qui sait si bien reprendre …".
Il y a un petit goût d’amer à la
fin de ce tome et j’ai même été déçue par cette fin qui pour moi n’en est pas
une.
François Bourgeon laisse son
héroïne seule face à la mer et à son destin : "Ce jour-là, j’ai
failli oublier que je n’avais, somme toute, que dix-huit ans … et encore toute
la vie devant moi.", et le lecteur désireux de savoir ce qu’il advient
d’elle par la suite.
Graphiquement, ce cinquième tome
est, comme tous les autres, très réussi et laisse une belle place à des
palettes de couleurs très variées, rendant la lecture des plus agréables et
traduisant à la perfection l’histoire développée et toute sa complexité.
"Le bois d’ébène",
cinquième tome de la série "Les passagers du vent" et censé la clore,
est un album très réussi sur l’aspect de l’histoire, de l’évolution des
personnages et graphique.
Toutefois, il laisse un goût
d’inachevé car tout reste ouvert à la fin et rien ne se conclut vraiment.
Au contraire, l’impression
laissée par François Bourgeon est celle d’ouvrir vers une suite, ou tout du
moins une conclusion digne de ce nom.
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