Le 12 juin 1944, quand la fumée s'est dissipée dans cette petite maison de Carentan, j'ai compris ce que j'étais devenu, qui j'étais vraiment...
Un meurtrier.
Le 16 décembre, le destin m'a donné le choix de me racheter ou d'y laisser ma peau. (Casterman)
Fin décembre 1944 début 1945, l’armée américaine est dans la
forêt des Ardennes à se battre contre ce qu’il reste de l’armée allemande.
C’est le hasard qui va conduire le sergent Luther Yepsen
dans la ferme de Gabrielle, une française résistante, accompagné d’autres
soldats américains et de deux enfants juifs, Louis et Rachel, qui se cachaient
dans la forêt.
Le sergent Yepsen est un taiseux, il se bat et s’est engagé
parce que pour lui il n’y avait plus d’autre solution pour se débarrasser des
nazis : "Ce n’est pas de gaité de cœur, croyez-moi … Mais je pense
que les nazis ne sont plus disposés à comprendre un autre langage que celui des
armes. Malheureusement.", mais il porte aussi un lourd fardeau issu des
premiers jours du débarquement et ne sait plus pourquoi il est là ni si ce
qu’il fait est bien : "J’espère seulement que si je survis à cette
foutue guerre, je trouverai un sens à ce que j’y ai fait … parce que jusqu’à
présent, je ne suis vraiment fier de rien. Je suis même plutôt écoeuré.".
Il survit, il est blessé, physiquement et moralement, et
c’est Gabrielle qui va doucement recoller les morceaux et percer son silence,
découvrir ses pensées et la séparation bien précise dans son esprit entre
l’Allemagne et l’Allemagne nazie : "Je ne me bats pas contre
l’Allemagne en général, je me bats contre l’Allemagne nazie en particulier … ce
n’est pas la même chose.".
Cette histoire humaine sur fond de Seconde Guerre Mondiale
est basée sur le hasard, qui fait parfois bien les choses mais parfois aussi le
fait mal.
Philippe Jarbinet s’est documenté pour donner à son histoire
de la crédibilité et un fond historique qui tient la route.
Sur ce point, je n’ai aucun reproche à faire à cette bande
dessinée, les bases sont solides.
Ce qui l’est moins, c’est la multitude de langues parlées
par les différents personnages : Luther anglais, allemand, et apparemment
français ; Gabrielle français et anglais ; j’ai trouvé que ça ne
faisait pas vraiment crédible, c’est un peu trop gros pour être vrai surtout
quand on se replace dans le contexte, ou alors le hasard a un peu trop bien
fait les choses.
Du côté du graphisme et de la mise en couleurs c’est réussi
et assez agréable à lire, bien que je trouve que les hommes aient été un peu
moins travaillés que les femmes.
"Airborne 44", série en quatre volumes composé de
deux diptyques, offre une nouvelle perspective sur la Seconde Guerre Mondiale,
particulièrement du point de vue des soldats américains, qui se laisse
découvrir avec un certain plaisir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire