samedi 28 septembre 2013

Il était une fois en France Tome 5 Le petit juge de Melun de Sylvain Vallée et Fabien Nury


1946. Jacques Legentil, juge d'instruction à Melun, enquête sur le meurtre du résistant Robert Scaffa. L'affaire semble vite résolue, car les assassins revendiquent leur crime : Joseph Joanovici et ses complices prétendent simplement que leur victime était un traître ! Joanovici est riche et puissant. C'est un héros. Il semble intouchable. Corruption, menaces, pressions politiques… Le « petit juge de Melun » encaisse tout, et il est bien décidé à rendre coup pour coup ! Triomphe public et critique, récompensée par le Prix de la Série à Angoulême, la saga de Fabien Nury et Sylvain Vallée nous dresse maintenant un tableau dantesque de la France de l'après-guerre… (Glénat)

Depuis le premier tome où il est question du "petit juge de Melun" qui cherche désespérément à coincer Joseph Joanovici, il ne vit d'ailleurs que pour ça, il était temps qu'un tome soit plus centré sur ce personnage et que le lecteur en apprenne plus sur lui et essaye de comprendre ce qui peut motiver une telle haine qui finit presque par ressembler à une forme d'admiration.
"Tu avais tout pour être heureux. Un beau métier, une famille ... et tu sacrifies tout pour ... pour quoi au juste ? Pour faire juger un sale type qui a collaboré avec les boches ? La belle affaire ! La moitié de ce pays a collaboré pendant que l'autre moitié fermait les yeux !", le lecteur est un peu comme la femme du juge : dubitatif face à un tel entêtement.
Le juge Legentil ne lâche rien, il veut faire condamner Joseph Joanovici : "Tu n'as pas encore compris ? Ca ne sert à rien ! Ce type est intouchable !", mais ce dernier a toujours eu des ressources et des appuis puissants : "Il a les flics à sa pogne ! La moitié de la préfecture est sur ses fiches de paye ! Tant que ces poulets seront là pour encaisser tout le monde payera.", chacun rend coup pour coup, c'est un tome comportant une violence sous-jacente qui atteint son paroxysme à la fin.
Le parallèle entre le juge et Joanovici est intéressant, l'un a pris en grippe l'autre qui l'ignore superbement mais ils sont chacun dans une relative forme de solitude, de cela les images sont fortement évocatrices.
Il en va de même pour les femmes : l'épouse de Joanovici, Eva, face à la fidèle et dévouée Lucie.
La première s'est volontairement éloignée de son mari et de ses activités, la deuxième est follement éprise de son patron qui ne lui rend pas la pareille.
C'est sombre, sans doute encore plus que pendant la Seconde Guerre Mondiale, d'autant plus qu'il règne dans ce cinquième tome une odeur nauséabonde à force de remuer la boue et les ordures du passé.

"Le petit juge de Melun" est un tome placé sous le signe de l'affrontement, dans la suite logique de cette série décidément excellente tant au niveau de la narration que du graphisme qui s'attache à romancer l'histoire de Joseph Joanovici : riche, puissant, héros ou salaud ?

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