«À travers l’écriture, je m’approche du moi-même d’il y a cinquante ans, pour un jubilé personnel. L’âge de dix ans ne m’a pas porté à écrire, jusqu’à aujourd‘hui. Il n’a pas la foule intérieure de l’enfance ni la découverte physique du corps adolescent. À dix ans, on est dans une enveloppe contenant toutes les formes futures. On regarde à l’extérieur en adultes présumés, mais à l’étroit dans une taille de souliers plus petite.»
Comme chaque été, l’enfant de la ville qu’était le narrateur descend sur l’île y passer les vacances estivales. Il retrouve cette année le monde des pêcheurs, les plaisirs marins, mais ne peut échapper à la mutation qui a débuté avec son dixième anniversaire. Une fillette fait irruption sur la plage et le pousse à remettre en question son ignorance du verbe aimer que les adultes exagèrent à l’excès selon lui. Mais il découvre aussi la cruauté et la vengeance lorsque trois garçons jaloux le passent à tabac et l’envoient à l’infirmerie le visage en sang. Conscient de ce risque, il avait volontairement offert son jeune corps aux assaillants, un mal nécessaire pour faire exploser le cocon charnel de l’adulte en puissance, et lui permettre de contempler le monde, sans jamais avoir à fermer les yeux. Erri De Luca nous offre ici un puissant récit d’initiation où les problématiques de la langue, de la justice, de l’engagement se cristallisent à travers sa plume. Arrivé à l’«âge d’archive», il parvient à saisir avec justesse et nuances la mue de l’enfance, et ainsi explorer au plus profond ce passage fondateur de toute une vie. (Gallimard)
Ce roman d’Erri de Luca est un récit d’initiation, sur le
passage de l’enfance à l’âge adulte, sur l’implication de grandir :
"Grandir comportait un précipice d’effets inconnus.", sur la
découverte du sens du verbe "aimer" : "Autour de moi, je ne
voyais ni ne connaissais le verbe "aimer".", sur la
justice : "Je sais maintenant qu’une justice nouvelle, attentive au
cas particulier et qui invente sur mesure la sentence, part de la miséricorde
pour l’offensé et arrive ainsi à être impitoyable. La miséricorde est
implacable et ne se laisse pas étouffer.", sur l’importance des mots et
des récits que l’on peut faire, sur l’art et la manière de manier la plume et
l’importance des livres : "Les livres sont la plus forte
contradiction des barreaux. Ils ouvrent le plafond de la cellule du prisonnier
allongé sur son lit.".
Le narrateur revient sur son enfance, plus précisément
l’année de ses dix ans.
Comme tous les ans, il quitte la ville de Naples pour un
village de pêcheurs, toujours en Italie du Sud.
Mais cette année, il devient le souffre-douleur de trois
garçons plus âgés que lui, parce qu’il est devenu ami avec une fillette sur la
plage, qui iront jusqu’à le battre violemment.
Ce souvenir d’une mise au tapis en règle aurait pu expliquer
le titre relativement énigmatique, mais il faut chercher ailleurs
l’explication, dans les premiers émois amoureux du narrateur et sa découverte
de l’univers mystérieux de l’amour et du fonctionnement de l’esprit d’une
fille.
C’est dans un style à la fois simple mais fortement poétique
que le narrateur revient sur cette partie de son enfance qui l’a amené à
grandir.
Mais l’ensemble du roman fleure bon le Sud de l’Italie, son
soleil, sa forme de langueur, ses paysages, et la chaleur de l’été, une Italie
dans laquelle le lecteur se retrouve et qui est bien connue de l’auteur.
"Les poissons ne ferment pas les yeux", dernier
roman paru à ce jour d’Erri de Luca, m’a permis de découvrir cet auteur ainsi que
son style, tout en retrouvant l’Italie, un pays cher à mon cœur.
C’est une lecture forte qui pousse à la réflexion et qui
aborde de façon intelligente des thèmes tels que la justice, l’enfance, amenant
ainsi le lecteur à replonger dans ses souvenirs pour se remémorer ce qu’il
faisait et pensait lui-même à dix ans.
Une belle découverte.Livre lu dans le cadre du Challenge Il Viaggio
Le titre est très beau et est intriguant, mais je ne sais pas si je lirai le livre en revanche. Même si l'Italie du Sud est un monde.
RépondreSupprimerC'est un peu particulier comme style mais j'ai trouvé que cela avait du charme.
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