Toni Morrison nous plonge dans l'Amérique des années 1950. (Christian Bourgeois Editeur)
"Viens, mon frère. On rentre à la maison.".
La maison, où est-ce ?
Là où l’on a grandi ? Où l’on a sa famille ? Là où
on a un toit sur la tête ?
Pour Frank, engagé de retour de la guerre de Corée où il a
vu mourir ses deux meilleurs amis, sa maison n’est nulle part et jusqu’à
l’appel au secours pour sauver sa sœur Cee il s’enfermait dans une histoire
d’amour qui n’en était plus vraiment une.
Si tout a commencé à Lotus, en Géorgie, tout va aussi y
finir et peut-être que Cee et Frank y trouveront enfin leur chez eux.
Toni Morrison plonge le lecteur dans l’Amérique des années
50, une Amérique raciste, où Noirs et Blancs ne se mélangent pas, où les Noirs
triment dans des champs de coton ou ailleurs, et où les familles sont
recomposées ou regroupées pour essayer de survivre.
Souffre-douleur de leur grand-mère par alliance :
"Lenore était la méchante sorcière. Frank et Cee, tels des Hansel et
Gretel oubliés, se tenaient fermement par la main et naviguaient à travers ce
silence en tentant de s’imaginer un avenir.", Cee et Frank sont laissés à
eux-mêmes et grandissent seuls, apprenant de leurs erreurs.
Pour Frank, c’est l’armée qui lui a donné des repères, mais
qui l’a aussi déboussolé ; quant à Cee elle a suivi un homme qui s’est
joué d’elle.
Récit cruel, Toni Morrison dépeint avec justesse et
circoncision une figure de l’Amérique des années 50, où même se battre pour
survivre ne suffisait pas toujours : "Le sommeil n’était pas fait
pour rêver : il servait à rassembler des forces pour le jour à
venir.".
Econome de phrases inutiles, Toni Morrison manie avec
perfection l’ellipse et voyage sans hésiter entre passé et présent pour livrer
les destins de ses deux personnages.
C’est avec calme que Toni Morrison aborde des thèmes graves
et fait passer au lecteur cette histoire extrêmement touchante qui reflète avec
justesse le quotidien des personnages dont elle raconte l’histoire.
"Home" de Toni Morrison est un roman fort et
poignant sur lequel il ne faut pas s’arrêter sur la simplicité qu’il dégage au
premier abord et qui marque aussi une belle rencontre avec cette auteur dont je
continuerais, et c’est une certitude, à découvrir l’œuvre.
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