samedi 21 septembre 2013

L'atelier des miracles de Valérie Tong Cuong


Prof d’histoire-géo mariée à un politicien narcissique, Mariette est au bout du rouleau. Une provocation de trop et elle craque, envoyant valser un élève dans l’escalier. Mariette a franchi la ligne rouge. Millie, jeune secrétaire intérimaire, vit dans une solitude monacale. Mais un soir, son immeuble brûle. Elle tourne le dos aux flammes se jette dans le vide. Déserteur de l’armée, Monsieur Mike a fait de la rue son foyer. Installé tranquillement sous un porche, il ne s’attendait pas à ce que, ce matin, le « farfadet » et sa bande le passent à tabac. Au moment où Mariette, Millie et Mike heurtent le mur de leur existence, un homme providentiel surgit et leur tend la main – Jean, qui accueille dans son Atelier les âmes cassées, et dont on dit qu’il fait des miracles. Mais peut-on vraiment se reconstruire sans affronter ses fantômes ? Avancer en se mentant et en mentant aux autres ? Ensemble, les locataires de l’Atelier vont devoir accepter leur part d’ombre, tandis que le mystérieux Jean tire les ficelles d’un jeu de plus en plus dangereux. (JC Lattès)

Mariette, Millie et Mike font partie des blessés de la vie, m'une parce que son mari est un pervers narcissique qui ne cesse de l'humilier et de la rabaisser : "Il me considérait déjà comme un élément de son patrimoine, une propriété dont il pourrait redessiner les contours à l'envie.", l'autre parce qu'elle a enfoui en elle un événement de son passé, et enfin le dernier parce qu'il est passé de militaire à SDF sous un porche d'immeuble; jusqu'au jour où leur chemin croise celui de Jean et de son Atelier, qui se donne pour mission de le sréparer, de les ré-initialiser pour qu'ils commencent une nouvelle vie sur de nouvelles bases : "Remettre les pendules à l'heure, réparer la mécanique humaine : c'est un peu notre spécialité, non ?".

Autant Mariette, Millie et Mike sont attachants, chacun à leur façon, autant Jean est un personnage sur lequel j'ai gardé mes distances : bon samaritain ou âme perdue qui cherche désespérément à se racheter ?
Un tel personnage fait passer d'un extrême à l'autre du point de vue émotionnel, provoquant l'attirance : "Jean n'était pas un canon de beauté, aucune femme ne se serait retournée sur lui dans la rue, mais il suffisait qu'il vous parle pour créer un champ magnétique capable de perdurer indéfiniment.", jusqu'à un certain point, et ensuite la répulsion.
Valérie Tong Cuong a décidément l'art et la manière de manier le roman choral avec des âmes à la dérive, sans attache, qu'il faut ramener à et dans la vie, ré-apprivoiser et ré-apprendre à aimer, à faire confiance et à avoir confiance en soi.
C'est toujours juste et sur un équilibre émotionnel que l'auteur arrive à garder du début à la fin.
Cette histoire aurait très bien pu être petite, insignifiante, fade, mais le style de Valérie Tong Cuong réussit à lui donner de la profondeur et une forme de beauté qui résonne encore une fois le livre refermé.

"L'atelier des miracles" fait partie de ces livres empreints de délicatesse et d'espoir qui mettent du baume au cœur, et dont on ne peut que louer l'existence, en somme, une lecture pleine de douceur dans un monde plutôt abrupt et morose.

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