J'ai mal...
J'ai froid...
J'ai un goût de sang dans la bouche...
J'entends des voix autour de moi...
Loin...
Si loin...
Pourtant, je n'ai pas peur... (Casterman)
Suite de l’enfer de la bataille des Ardennes dans le froid
et la neige.
Le lecteur retrouve les personnages du premier volume ainsi
qu’Egon, un français engagé volontaire qui a fui l’armée allemande avec des
pellicules prouvant les premiers massacres de Juifs perpétrés par les
nazis : "Un enfer absolu créé par des hommes pour d’autres
hommes.", ce qui soulève des questions du côté américain :
"Comment les allemands faisaient-ils pour réunir les Juifs sans qu’ils se
révoltent ?".
Mais c’est aussi un combat de coqs que se livrent Luther et
Egon pour le cœur de la belle Gabrielle, bien que Luther semble avoir
l’avantage : "C’est la guerre, Berlin est encore très loin … et puis
surtout … je sais que ne peux pas t’avoir.".
Le ton du récit est plutôt pessimiste, les soldats
américains sont désabusés face à tant de violence ainsi que d’avoir en face
d’eux de jeunes garçons, il faudra plusieurs années pour panser les plaies et
réussir à prendre du recul sur ce vécu et en tirer un double enseignement :
"La première, c’est que là où tombent les hommes, l’herbe finit toujours
par repousser. La seconde, c’est que demain sera sans nous, qu’on le veuille ou
non.".
Comme précédemment, je suis frappée par la facilité avec
laquelle tout ce petit monde communique entre eux, c’est un peu trop facile et
fait pour cadrer avec l’histoire mais cela manque un peu de crédibilité, c’est
bien le seul point que je reprocherais à cette bande dessinée.
Quoi qu’il y ait aussi quelques invraisemblances :
"Il n’y a que dans les comics que les héros font bien leur boulot. Nous,
on n’est que des ploucs qui font le leur en essayant de rester en vie … ça doit
te sembler un peu court comme réponse mais je n’en ai pas de meilleure.",
ainsi je vois mal comment des enfants européens pourraient savoir ce qu’est un
comic.
Pour le reste, l’auteur s’est documenté, a demandé conseil
et à fait relire son histoire par des spécialistes de cette période, cela donne
un certain cachet à son récit et l’assoit sur des bases solides.
Il y a à la fois beaucoup d’espoir mais aussi du chagrin
pour ceux qui ne reviendront jamais.
Les dessins sont de belle qualité, les paysages magnifiques
et la dureté du climat est bien rendue.
Les images permettent de ressentir toute la force du récit
et l’illustrent bien.
"Demain sera sans nous" marque la fin de ce
premier diptyque s’attachant au cheminement de l’armée américaine dans les
Ardennes avant l’arrivée en Allemagne qui marquera la chute du IIIème Reich.
Une belle histoire avec de l’émotion et qui se découvre avec
plaisir.
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