mardi 10 septembre 2013

Airborne 44 Tome 4 Destins croisés de Philippe Jarbinet


Horreur ! Gavin vient de découvrir la tombe de sa bien-aimée Joanne dans le village même où ils se sont rencontrés. Le pauvre en a perdu toute ardeur combative, d’autant que le pire est peut-être à venir… Pensant avoir connu l’enfer sur les plages de Normandie, les GI américains progressent dans les terres françaises sous le feu d’Allemands que la rage du désespoir a rendu plus redoutables que jamais. La libération est proche, mais elle ne se fera pas sans heurts. (Casterman)

"Nos parents se sont faits dévorer leur jeunesse par la première guerre mondiale. Nous, on aura perdu la nôtre dans la seconde … L’humanité me désespère.", telle est la parole désabusée de Joanne au milieu des ruines après avoir retrouvé Gavin.
Elle a vu les horreurs des combats en soignant et opérant les soldats, lui est arrivé par la plage d’Omaha dans un bain de sang : "Indescriptible ! … Tous ces gars que j’ai connus et qui ont disparu pour toujours. Je n’ai pas envie d’en parler. Quoi que je dise, je serai en-dessous de la vérité.".
Devant tant d’horreurs et même des années après, une question légitime se pose : "Il a servi à quoi, ce massacre ? Moi, je n’ai jamais trouvé la réponse.".
Soldats américains, allemands ou français, tous se la posent dans un cimetière de croix blanches, ayant du mal à comprendre ce qu’ils ont vécu durant leur jeunesse.

L’avant-propos de l’auteur est intéressant, la réponse à la question est une paix que l’on espère durable en Europe, en tout cas c’est la période la plus longue sans conflit et qui a mené à la construction de l’Europe telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Voilà l’un des propos que cherchait à montrer l’auteur avec cette série.
Mais il s’agit aussi de destins croisés, de ceux de Joanne et Gavin, mais aussi de Luther et Gabrielle.
L’astuce est habile et le lien bien fait, même si le lecteur comprend assez vite de quoi il en retourne.
La fin est à l’image de la série, à tendance pessimiste malgré des instants de bonheur : "Je n’aime pas le monde qu’on fabrique pour nos enfants.", comme le dit Luther dans les années 60 alors que les Etats-Unis sont de nouveau en guerre.
Quant à la dernière image, elle est particulièrement forte et hautement évocatrice d’évènements tragiques qui surviendront dans plusieurs dizaines d’années.
Je reconnais qu’il y a quelques facilités dans la construction des personnages ou dans certaines situations, Gavin et Joanne se retrouvent trop facilement et comme par un coup de baguette magique par exemple.
L’ensemble reste plaisant et les dessins sont de très belle qualité tout comme la mise en couleurs, ce qui contribue à rendre la lecture agréable.

Récit de paix à l’image humaine, c’est-à-dire non durable et toujours plus sanglante, "Destins croisés" conclut très bien cette série intéressante et à plusieurs volets de lecture d’un auteur que je découvrais et qui m’a laissé une bonne impression.

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