mardi 26 décembre 2017

Gen d'Hiroshima - Tome 2 de Keiji Nakazawa


Lors de l'explosion atomique du 6 août 1945, Gen a perdu son père, sa sœur et son jeune frère. Au lendemain de cet holocauste nucléaire, lui et sa mère vont devoir survivre, dans une Hiroshima dévastée où ne subsistent que des visions de cauchemar. (Vertige Graphic)

Ce second volet s'intéresse à la période du 6 au 11 août 1945, soit les premières heures et les premiers jours après la bombe, avant celle du 9 août qui sera larguée sur Nagazaki et avant que les autorités Japonaises ne se décident enfin à capituler.
Hiroshima est en feu : "Le feu appelant le feu créait un ouragan de chaleur. Dans Hiroshima, ville de 400 000 habitants, tout brûlait, les bâtiments comme les hommes.", ceux qui ne sont pas encore morts errent dans les ruines tandis que les premiers effets de la bombe se font ressentir sur les survivants : "La bombe atomique n'avait pas fait que détruire la ville d'Hiroshima. Elle y avait émis des radiations. Les maladies dues à ces radiations, terribles effets secondaires de la bombe, commencèrent à toucher les habitants ignorants du danger.".
C'est ainsi que Gen perd ses cheveux et ressent les premiers effets des radiations, tandis que sa mère accouche d'une petite fille dans ces terribles conditions.
Après cela, vient le temps de trouver à manger et se mettre un toit sur la tête, la mère de Gen va se faire héberger par une amie mais cela se passera mal avec la belle-mère de celle-ci : "Gen, cette bombe est une malédiction. La vie et la mort sont un enfer. Sans elle, nous n'aurions pas à souffrir comme ça.".
Commencent alors de nouvelles souffrances pour Gen et ce qu'il reste de sa famille.

L'apocalypse a eu lieu à Hiroshima, c'est en tout cas ce qui ressort des dessins de Keiji Nakazawa qui n’épargne rien au lecteur des horreurs de la situation.
Si la fin du premier tome était marquante, celui-ci l'est encore plus, avec des hordes de cadavres en décomposition, des brûlés qui hurlent de soif tandis qu'ils agonisent, ceux que l'on essaye d'acheminer vers des hôpitaux, ceux qui ne sont pas encore morts mais dont la peau se décolle des os ou encore dont la peau fond et dont pour certains les viscères pendent misérablement.
Ce récit est difficilement soutenable tant le graphisme est d'un réalisme saisissant, et horrifique.
Je crois que j'étais bien loin d'imaginer toutes les horreurs engendrées par cette bombe, c'est chose faite avec ce récit qui, je le rappelle, est quasi autobiographique, Gen étant l'alter ego de Keiji Nakazawa à l'époque.
Après la mise à l'écart de la société des pacifistes et des Coréens, ce sont désormais les victimes de la bombe qui sont rejetés par le restant de la population : personne ne veut les héberger, personne ne veut les nourrir, ni même leur offrir de la nourriture, et limite personne ne veut les soigner, en partie parce que personne ne sait comment les soigner.
Et dans le même temps, les Américains recommencent à pointer le bout de leur nez pour constater les dégâts de la bombe : "Ça vous amuse de venir voir nos cadavres ?! Descendez de vos avions, saletés d'amerloques ! Venez vous battre !".
On ressent toute la souffrance et la détresse des survivants, des personnes présentes à Hiroshima lors de l'explosion de la bombe et dont le sort n'est pas encore connu du Japon, ni même du reste du monde.
Tandis que Nagazaki ne le sait pas encore, mais le même sort l'attend sous peu.
Seul un témoin direct et un survivant pouvait raconter les événements de façon aussi juste, Keiji Nakazawa ne se contente pas de faire un devoir de mémoire, il est aussi passeur de cette tragédie et permet, à travers son oeuvre, de transmettre le passé doublé d'un message de paix pour que plus jamais cette apocalypse nucléaire ne se reproduise.

"Après la bombe, la vie et la mort furent des enfers ... Beaucoup de survivants parcoururent la région en versant des larmes de douleur.", ainsi se conclut ce deuxième volume de "Gen d'Hiroshima", une oeuvre décidément incontournable et marquante.





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