samedi 30 décembre 2017
La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams
Naufragés des tempêtes matrimoniales, Brick et Margaret semblent avoir touché le fond. Véritable « scandale vivant », Brick éteint ses angoisses à coups de whisky… Comme une chatte sur un toit brûlant, Margaret tente de ranimer leur couple… Mais le fantôme de Skipper, ami défunt de Brick et amant malheureux de Margaret, persiste à semer la discorde. (10/18)
J'ai vu il y a longtemps le film de Richard Brooks, j'avais depuis très envie de lire cette pièce de théâtre.
Brick et Margaret sont un couple à la dérive, lui est devenu alcoolique suite à la mort de son meilleur ami et refuse de toucher à sa femme à qui il reproche plusieurs choses, dont une en rapport avec Skipper, cet ami défunt : "Tu n'es plus qu'un scandale vivant, Brick.".
Margaret, elle, cherche la confrontation et une explication à travers une sensualité débordante, se comparant à une chatte sur un toit brûlant : "Et quelle est la victoire d'une chatte sur un toit brûlant ? Peut-être d'y rester jusqu'au-delà du possible.".
Mais elle n'arrive à rien avec Brick, il reste emmuré dans sa douleur à noyer son chagrin et ses regrets dans l'alcool : "Tu ne vis pas avec moi, tu loges dans la même cage.".
Et puis dans le même temps, il y a le père de Brick qui est mourant et souhaite léguer la plantation à ce dernier, tandis que son autre frère cherche à s'attirer les bonnes grâces du père avec sa femme et leur nombreuse progéniture.
Il y a toute la chaleur et la sensualité du Sud des Etats-Unis dans cette pièce, qui se lit d'ailleurs aussi bien qu'un roman et qui se prête tout autant à la mise en scène.
La galerie de personnages est vraiment belle, j'aime tout autant Big Daddy que la sensuelle Margaret, et Gooper et sa progéniture m'énervent autant qu'eux.
Le thème principal de cette histoire est le mensonge, personne ne dit la vérité à personne dans cette maison, sauf peut-être Brick mais cela ne lui réussit pas, il faut bien le reconnaître.
Chacun dissimule quelque chose aux autres, comment une telle famille pourrait bien s'entendre, ce n'est donc pas étonnant qu'ils se déchirent entre eux.
Dans le même temps, les deux frères sont en compétition pour l'amour de leur père et surtout l'héritage à venir de la plantation.
Décidément, l'homme est un loup pour l'homme et c'est bien toute la noirceur de l'âme humaine qui ressort au travers des personnages : "L'homme est le seul animal qui sache qu'il doit mourir, mais ça ne le rend pas plus doux, ni plus pitoyable.".
Le personnage de Margaret est sans doute celui qui m'a le plus touchée, c'est une femme délaissée qui quémande l'amour de son mari, même un petit geste à son attention, tout en souffrant de ne pouvoir avoir d'enfant tandis que sa belle-sœur enchaîne les grossesses.
C'est une femme désespérée, prête à tout pour avoir ne serait-ce qu'une explication qui lui est refusée.
Tennessee Williams arrive joliment à se mettre à la place de ce personnage et à écrire avec son cœur et ses sentiments, pour un homme il a donc su capter précisément les sentiments d'une femme que l'on accuse de beaucoup de maux et qui n'y est peut-être pas pour grand chose au final.
C'est une histoire cruelle qui se joue sous les yeux du lecteur, mais quelle plume magnifique de Tennessee Williams !
"Ah ! Vous autres, hommes faibles et merveilleux qui mettez tant de grâce à vous retirer du jeu ! Il suffit qu'une main, posée sur votre épaule, vous pousse vers la vie .", je conclurai sur les mêmes mots que Margaret, reflétant à eux seuls toute la poésie et la sensualité de cette pièce de théâtre.
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