mercredi 20 décembre 2017

Les proies (The Beguilded) de Sofia Coppola

       
     

En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d'un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu'elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l'atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu'à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous. (AlloCiné) 


Ce film est clairement conçu dans une ambiance typique à Sofia Coppola, avec un côté très prononcé Sud des Etats-Unis. Assez fidèle à l’image que l’on peut s’en faire d’ailleurs.
Sofia Coppola revient à ses premières amours cinématographiques : des films avec des femmes sur des femmes.
Elle s’interroge une nouvelle fois sur la féminité, les relations hommes-femmes, le désir et l’éveil à la sexualité.
Pour cela, elle part d’une communauté de femmes qui se met à évoluer et à se révéler les unes aux autres lorsqu’un élément perturbateur est introduit : un homme, un soldat blessé du camp adverse qui plus est. L’harmonie se rompt entre les femmes et les pulsions des unes et des autres se réveillent, un peu comme dans "Virgin Suicides".
L’homme lui-même n’est pas très clair, Sofia Coppola joue avec cette ambiguïté tout au long de son film : est-ce lui qui est mauvais et les femmes innocentes ou bien est-il sain d’esprit et ce sont elles qui sont folles ?
La folie est omni-présente dans cette histoire, mais difficile à cerner et à attribuer à quelqu’un en particulier.
Me voilà bien incapable de répondre à cette question, le seul constat est que mon regard de spectatrice a changé sur ces femmes entre le début et la fin du film.
Et je ne mangerai plus de champignons comme auparavant.


Le prix de la mise en scène n’est absolument pas une surprise, c’est même l’aspect le plus intéressant de ce film et qui à mon avis fera date.
Aucune scène n’est totalement ouverte, il y a toujours un obstacle dans le champ de la caméra, comme un arbre lors des scènes en extérieur, ou alors les scènes se passent dans l’univers clos de la maison.
L’image étouffe en permanence le spectateur, un peu comme ce soldat recueilli dans cette maison, et surtout une belle métaphore de ces femmes étouffées par le refoulement de leurs pulsions sexuelles.
Autre belle métaphore relevée, celle d’une toile d’araignée présente sur un arbre, symbolisant le soldat pris dans les mailles du filet de ces femmes et qui n’arrivera plus à s’en extirper.
Dès que les personnages quittent le vase-clos de la maison, il y a de la brume, jamais un ciel complètement dégagé, et si l’on ne voit pas la guerre on l’entend, on la devine proche par le bruit des canons mais ces femmes vivent comme des recluses, hors du temps.
L’image est particulièrement léchée et contribue à l’ambiance générale, c’est du Sofia Coppola craché mais c’est un style que non seulement elle maîtrise mais qui lui va bien.


Le casting de ce film est aussi très bon.
Sofia Coppola retrouve une nouvelle fois Kirsten Dunst, en lui confiant le rôle d’Edwina, l’ingénue bien sage qui fait figure de grande sœur pour toutes ces femmes.
Elle invite Nicole Kidman dans le rôle de Miss Martha, la maîtresse d’orchestre de cette chorale féminine, qui retrouve des rôles à sa hauteur après s’être perdue quelques fois.
Elle confie la troublante
Elle Flanning en lui offrant le personnage d’Alicia la tentatrice, encore une jeune actrice issue du milieu Coppola qui dégage de façon certaine une présence à l’écran.
Et puis je citerai aussi la jeune Oona Laurence dans le rôle d’Amy.
Côté homme, c’est Colin Farrell qui campe le Caporal McBurney, un acteur que j’ai vu peu souvent car il est souvent cantonné dans des films qui ne m’intéressent pas.
 Force est de constater ici que quand il a un rôle consistant il dégage quelque chose à l’écran et ne se contente pas de faire la potiche.
Sofia Coppola prête d’ordinaire une attention particulière à la musique, hormis quelques airs en sortant du film j’ai depuis un peu oublié l’ambiance musicale.
Je ne me prononcerai pas sur le film d’origine, je ne l’ai pas vu, je sais juste qu’il offre une vision de l’histoire opposée à celle-ci.


"Les proies" est un film d’ambiance qui ne plaira sans doute pas à tout le monde mais que les aficionados de Sofia Coppola savoureront tant il condense les caractéristiques de mise en scène de cette réalisatrice depuis ses débuts.


       
     

       
     

       
     

       
     

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