mercredi 27 décembre 2017
Gen d'Hiroshima - Tome 3 de Keiji Nakazawa
Une semaine s'est écoulée depuis que la Bombe atomique a ravagé Hiroshima. L'horreur absolue fait progressivement place parmi les rescapés, à réflexes de survie, parfois les moins avouables. Gen, quant à lui, trouve un travail bien particulier qui va le marquer à jamais. (Vertige Graphic)
C'est désormais la colère qui domine chez la mère de Gen : "Bravo, les Japonais ! Ceux qui devaient vaincre se sont moqués de vous et l'empereur vous a tout pris ! J'en ai assez de l'empereur ! S'il savait que nous allions perdre, pourquoi n'a-t-il pas arrêté la guerre plus tôt ?", elle se bat pour trouver à manger pour Gen, pour son bébé, et accessoirement pour elle, tandis que dans le même temps elle endure les pires humiliations de la part de la belle-mère de son amie, seul endroit qu'elle a trouvé pour mettre un toit sur la tête de sa famille, ou ce qu'il en reste.
Chez Gen, cela se manifeste par une rage de vivre, même si pour cela il doit côtoyer l'indicible.
Ce troisième volet de l'autobiographie de Keiji Nagazawa se déroule du 10 au 15 août 1945, avec l'annonce de la reddition du Japon par une allocation à la radio.
Tant de morts auraient pu être évités ... .
C'est d'une façon assez impersonnelle, et avec un message laconique, que les Japonais vont donc apprendre la fin des hostilités.
Mais cela est loin de signifier la fin de leur calvaire : "Au Japon comme à l'étranger, les suites de la guerre ne furent que douleur et tristesse. Il n'y avait plus de rêve ni d'espoir mais un combat sans merci pour survivre.".
En dehors de la survie de la famille de Gen, ce tome met en lumière les orphelins de la bombe, des groupes d'enfants qui vont se regrouper et piller, voler pour se trouver à manger, sans la protection ni le soutien d'adultes.
Gen et sa mère vont d'ailleurs recueillir le jeune Ryûta, le portrait craché de Shinji, le petit frère de Gen.
Comme quoi même démunie de tout, cette famille garde le cœur sur la main et n'hésite pas à venir au secours de son prochain.
Mais ce troisième tome marque un tournant majeur dans la vie de Gen, et par ricochet de Keiji Nagazawa.
Pour gagner un peu d'argent pour nourrir sa famille, il accepte de s'occuper d'un homme gravement brûlé par la bombe qui n'a plus que quelques jours à vivre.
Rejeté par sa famille, il vit dans des conditions déplorables, avec des vers grouillant sur ses plaies et la puanteur de ces dernières.
C'est graphique, mais autant vous dire que cela fait très réel.
Et très dégoûtant.
Et répugnant.
Je pensais avoir vu le pire avec le deuxième volume, j'étais loin du compte.
Avant d'être une loque humaine en sursis, cet homme était peintre, c'est de lui que va venir l'intérêt de Keiji Nagazawa pour le dessin, dont il fera son métier avec le succès qu'on lui connaît désormais.
Et à côté, toujours les cadavres ramassés, brûlés, l'urgence étant de faire disparaître ces corps, tandis que d'autres essayent de survivre dans leurs plaies et leurs souffrances.
Après la surprise et l'abattement vient le réflexe de survie, c'est le cœur de ce troisième volet de "Gen d'Hiroshima", une oeuvre ô combien nécessaire pour saisir toute l'ampleur de cette catastrophe humaine.
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