samedi 29 septembre 2012
Sherman Tome 3 La passion, Lana de Griffo et Stephen Desberg
Bonjour, monsieur Sherman. J'ai peur d'avoir de mauvaises nouvelles pour vous. Vous allez tout perdre. Après votre fils, on va vous arracher toute votre fortune. Et quand on vous aura pris jusqu'à votre dernier dollar, on finira par tuer votre fille. Tout se paye ici-bas. Et le moment est venu de payer pour ce que vous avez fait, monsieur Sherman !(Lombard)
Ce troisième tome de la série Sherman est toujours aussi bien ficelé du point de vue du scénario, par contre, il rend le personnage de Jay Sherman de moins en moins sympathique.
Du garçon de rue qui cherchait à se sortir de sa situation, il est devenu arriviste, séducteur, père délaissant ses enfants ou tout du moins sa fille, mari ne s'occupant plus vraiment de sa femme mais obnubilé par Lana, son ancienne maîtresse et femme de son pire ennemi.
Cela a un double mérite : celui de montrer les travers d'un personnage à l'origine pauvre qui a laissé de côté une partie de sa conscience pour s'élever (n'oublions pas qu'il a conclu l'affaire avec son ami allemand Karl Jurgen dans le dos de son beau-père propriétaire de la banque pour laquelle il travaille) et qui en agissant de la sorte s'est attiré beaucoup d'ennemis au cours de ces années; celui de faire intervenir de plus en plus un personnage jusqu'à présent de second plan : Jeannie, la fille de Jay Sherman, disparue depuis plusieurs années.
C'est sans doute l'atout de ce troisième tome : l'entrée de ce personnage dans l'histoire, même si physiquement elle n'est toujours pas là.
"Jeannie a toujours été quelqu'un de très indépendant. Quelqu'un qui ne faisait que ce qu'elle voulait.", c'est ainsi que la décrit son père, et avec raison.
Jeannie le dit elle-même alors encore adolescente en embrassant un garçon noir : "Je suis libre. Je fais ... toujours ... ce que je veux !".
Rejetée par sa famille, elle s'est créée la sienne, dans l'univers du jazz des années 30 à New-York : "Ceci, c'est Harlem. Le jazz. C'est chez moi !", et elle rappellera à son père alors que celui-ci lui reproche sa conduite qu'il a été absent toutes ces années et que désormais il est trop tard pour revenir en arrière : "Pense ce que tu veux, papa. Je ne sais pas où tu étais, toutes ces années. Mais tu ne nous changeras plus !".
C'est en Allemagne qu'il perdra définitivement sa fille.
Ce changement géographique pour la dernière partie de ce tome est aussi l'une de ses réussites : la famille Sherman se rend, sur l'invitation de Karl Jurgen, en Allemagne, au moment de l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler.
L'antisémitisme est déjà présent : "Haber n'est pas allemand, il est juif !", la folie du Troisième Reich se fait déjà ressentir dans la population et le lecteur pressent que l'industrie chimique de Karl Jurgen avec son fils Otto va être mise à contribution durant cette sombre période.
D'ailleurs, il est question d'Otto Jurgen, entre autres, dans ce tome, comme personne cherchant à se venger de Jay Sherman.
Sauf qu'il y a un obstacle, et de taille : "Otto est mort. C'est Jeannie qui l'a tuée !".
Voilà une ficelle bien amenée qui finalement n'apporte rien au lecteur, à part une envie de plus en plus pressante de connaître la suite.
Je ferai deux reproches à ce tome.
Le premier est que le titre n'est pas approprié, il était plus question de Lana dans le deuxième tome que dans celui-ci, c'est dommage que le titre soit en décalage avec le contenu de l'histoire.
L'autre, c'est que Jay Sherman est un peu trop séducteur à mon goût, et que l'agent chargé de sa protection tombe dans ses bras était une ficelle bien trop grosse et surtout prévisible, d'autant que, pour l'instant, cela n'apporte rien à l'histoire.
Avec "La passion, Lana", la série Sherman se poursuit, basé sur un scénario à rebondissement de Stephen Desberg et servi par les très beaux dessins de Griffo.
Décidément, "Sherman" est une série prenante qui mérite vraiment d'être découverte.
Ce livre a été lu dans le cadre du challenge New-York en littérature 2012
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