mardi 3 septembre 2013

Barbe bleue d'Amélie Nothomb


« La colocataire est la femme idéale. » Amélie Nothomb (Albin Michel)

Saturnine cherche appartement et trouve son bonheur, en colocation avec un homme mystérieux dont les huit autres colocataires ont toutes disparu du jour au lendemain : "Ce vide la fit frissonner elle eut l’impression de sentir les huit agonies qui avaient eu lieu dans la pièce et respira à fond.".

Dans ce roman, Amélie Nothomb revisite le mythe de Barbe bleue en le transposant dans la vie actuelle et le Paris du XXIème siècle.
L’idée de départ n’était pas mauvaise, Saturnine est tout le contraire d’une oie blanche, elle a du répondant face à son mystérieux colocataire : "D’où pouvait lui venir cette réputation de séducteur ? Son physique était tout juste acceptable. Il portait les vêtements les plus ordinaires, rien dans son allure ne retenait le regard. Quant à sa conversation, elle n’existait pas. S’il avait fallu lui trouver une qualité, elle aurait eu du mal.", elle ne se laisse pas faire et rien ne la prédestine à subir le même sort que les huit précédentes colocataires.
Quant au personnage masculin, il est plus enclin à agacer qu’autre chose, il est arrogant, sûr de lui, pédant, à la limite précieux, avec une idée de grandeur de son titre espagnol qui frise le ridicule, quant à ses positions sur la colocation : "La colocataire est la femme idéale. Enfin, presque.", ou les femmes, c’est d’une banalité qui n’apporte pas grand-chose.
Ce roman est constitué majoritairement de dialogues, ce qui tend à le faire basculer dans la pièce de théâtre et lui ôte une certaine forme de vie et de mouvement dans le style narratif.
Le style est toujours bon, mais Amélie Nothomb commence à manquer de renouvellement et j’ai lu des romans plus inspirés et plus grinçants que celui-ci qui est prévisible du début à la fin.

"Barbe bleue" aurait pu marquer le renouveau du conte transposé en notre époque moderne mais s’avère au final prévisible et frôle la déception, avec une Amélie Nothomb qui a tendance à ne plus prendre de risque et à se contenter de faire ce qui lui réussit depuis plusieurs années, un nouvel ingrédient dans la recette serait le bienvenu pour renouveler un style qui a perdu de sa superbe et de sa surprise.

2 commentaires:

  1. Je n'ai lu que de 2 romans de Nothomb. Celui-ci et "Stupeur.." : dans les deux, j'ai déploré la pauvreté du style et une légère tendance à prendre le lecteur pour un couillon...

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    1. J'ai lu bon nombre des romans d'Amélie Nothomb et je constate une dégradation depuis plusieurs années. Je vais finir par bannir cette auteur.

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