samedi 19 janvier 2013

Le faucon de Malte de Dashiell Hammett


Beaucoup auraient remué ciel et terre pour se l'approprier, ce faucon. Certains y avaient déjà laissé leur peau. Le détective Miles Archer lui-même y était resté. Il n'était pas de taille à lutter contre le trio équivoque que formaient l'efféminé Joël Cairo, l'éléphantesque Gutman et son jeune protégé Wilmer. Mais l'associé de Miles, Sam Spade, rusé, tenace, entreprenant jusqu'au cynisme, les manoeuvre comme des enfants. Il esquive même de justesse les pièges que lui tend Brigid O'Saughnessy, la fausse ingénue, et touche au but. Mais saura-t-il tirer profit de cette victoire ? (Gallimard)

Bienvenue dans le San Francisco noir, où les cadavres sont semés le long des routes tandis que quatre personnes courent après un mystérieux faucon pour se l'approprier.
Même le détective Miles Archer y a laissé sa peau, pourtant il ne semblait pas facile à berner bien qu'alléché par l'ingénue (ou pas) Brigid O'Saughnessy aka Miss Wonderly.
C'est Sam Spade, son associé, qui reprend l'affaire en main, et avec lui, pas question de le berner ni même de l'énerver, San Francisco c'est chez lui, son territoire : "Peut-être auriez-vous pu réussir sans moi si vous m'aviez fichu la paix. Maintenant, c'est trop tard. Pas à San Francisco. C'est oui ou non; et tout de suite.".
La gent féminine a apparemment des avis bien tranchés sur ce Sam Spade, pour Brigid O'Saughnessy c'est un homme à séduie et à berner, pour Effie Perine, sa secrétaire c'est : "Sam Spade, tu es le plus beau salaud de la création - quand tu veux t'en donner la peine. Parce qu'elle a agi sans te consulter, tu restes là sans bouger, alors que tu sais qu'elle est en danger, qu'elle pourrait être ...", c'est en tout cas un personnage avec de l'envergure et qui ne laisse pas indifférent.

"Le faucon de Malte" est un policier dans la pure tradition du polar noir, avec un détective haut en couleur, avec de l'esprit et de la gouaille, toujours à la limite de la légalité et de l'illégalité, gravitant autour de belles femmes dont certaines sont fatales et de mauvais garçons.
L'auteur a réussi à créer parfaitement cette atmosphère de noirceur qui ne quitte jamais le lecteur, et si ce dernier avait encore quelques doutes le caractère polar du récit il n'y a qu'à voir le vocabulaire employé par l'auteur pour comprendre tout de suite où on a mis les pieds : "T'as filé comme un pet sur une toile cirée." et ceci pendant tout le récit.
J'ai beaucoup apprécié ce côté polar noir que j'ai trouvé bien maîtrisé de bout en bout ainsi que le personnage de Sam Spade, imprévisible avec un côté cynique, ainsi que les autres personnages : Joel Cairo, un voleur effeminé, Gutman et son jeune protégé Wilmer, la vaillante et si dévouée Effie Perine et la mystérieuse Brigid O'Saughnessy.
Néanmoins, c'est un polar à l'ancienne et l'action a plus lieu dans les échanges verbaux que dans les faits.
Tout se joue dans des scènes en intérieur, entre les personnages, le lecteur n'est à aucun moment maître de la situation et il ne peut pas se forger une idée sur le coupable car il y a des retournements de situation qui interviennent systématiquement en fin de chapitre.
Cela m'a quelque peu déroutée dans ma lecture et je reconnais que je n'ai qu'à moitié apprécié le fait de tout découvrir dans des dialogues, les personnages sont trop indéterminables et versatiles pour que le lecteur puisse à un moment donné les saisir au vol.
De plus, le manque de réelle action fait que le récit reste trop linéaire et plat.
Dans le fond, il n'y a pas de véritable intrigue, d'autant plus que le faucon dont il est question apparaît tardivement dans le récit pour retomber très vite tel un soufflé raté.
Enfin, l'intrigue se situe à San Francisco et je regrette que cette ville soit si peu présente dans l'histoire.
Tout d'abord pour la raison évoquée ci-dessus : pas d'action en plein air tout se joue en intérieur confiné, ensuite parce que j'aurais aimé découvrir les bas-fonds de San Francisco ou a minima une ambiance, là, il ne se dégage rien du récit et l'histoire aurait presque très bien pu se passer dans une autre ville des Etats-Unis.

"Le faucon de Malte" est intéressant à lire pour le côté polar noir des années 30 à 50 mais son intrigue uniquement verbale et concentrée dans des salons déroutent le lecteur et font que ce livre a quelque peu vieilli, c'est en tout cas mon ressenti bien que je sois décidée à lire d'autres romans de cet auteur pour continuer à découvrir son univers.
Et puis, il faudrait aussi que je visionne la version cinématographique avec Humphrey Bogart.

Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre H



Livre lu dans le cadre du challenge Lettres San Franciscaines

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