lundi 21 janvier 2013

Soleil vert de Richard Fleischer





En 2022, les hommes ont épuisé les ressources naturelles. Seul le soleil vert, sorte de pastille, parvient à nourrir une population miséreuse qui ne sait pas comment créer de tels aliments. Omniprésente et terriblement répressive, la police assure l'ordre. Accompagné de son fidèle ami, un policier va découvrir, au péril de sa vie, l'effroyable réalité de cette société inhumaine. (AlloCiné)

Dans la lignée de "Fahrenheit 451" ou "La planète des singes", "Soleil vert" est un film d’anticipation de 1973 adapté du roman éponyme de Harry Harrisson.

Pour commencer, un petit mot sur la piètre traduction du titre : en version originale le titre est "Soylent Green", ce qui n’a pas grand-chose à voir avec le soleil (contraction du terme anglais lentille de soja) et qui a une portée plus grande que le titre en français, à savoir qu’il fait référence à la fois à la nourriture synthétique mais également à la firme Soylent qui la produit.

L’introduction du film plante le décor : la montée de l’industrialisation au vingtième siècle pour finir par s’écrouler au vingt-et-unième siècle.
L’histoire se passe en 2022, il n’y a plus aucune ressource naturelle, manger de la viande n’est même pas un luxe mais relève quasiment de l’impossibilité, tandis que dans le même temps la population s’est fortement accrue, engendrant énormément de pauvreté, de chômage et un manque cruel de logements.
Au milieu de tout cela, il y a Robert Thorn, un détective hors pair, qui partage son appartement avec Sol Roth, un homme âgé ayant connu le monde avant le changement et passant ses journées à regretter le passé : la nature, les animaux, la nourriture naturelle.
Thorn se trouve appelé sur une scène de crime, un homme connu et haut placé a été exécuté dans son appartement, il en profite pour faire la rencontre de Shirl, un « mobilier » de l’appartement.
Belle évolution : certaines femmes font partie du mobilier des appartements en y étant attachées par contrat et doivent satisfaire les plaisirs des acquéreurs de l’appartement.
Mais le principal intérêt du film n’est pas sur la résolution de cette enquête, de toute façon le spectateur sait pertinemment qui l’auteur du meurtre, mais sur la découverte que Thorn va faire, poussé par son ami Sol, que la véritable nature du soleil vert.


C’est un monde décadent qui est présenté dans ce film, il ne manque presque qu’une guerre pour que le tableau soit parfait.
La foultitude se rue tous les jours au marché pour s’approvisionner en eau potable, soleil jaune, soleil rouge et surtout le très recherché soleil vert.
C’est une dénonciation des politiciens corrompus, des industriels cyniques parqués dans les beaux quartiers et les beaux immeubles, et d’une population toujours plus grande qui souffre de pauvreté et de malnutrition, un peu ce qui se passe déjà dans certains pays et qui pourraient s’étendre si la population mondiale continue de croître de façon non maîtrisée.
Il y a également d’autres sous-entendus : des personnes qui disparaissent, surtout les personnages âgées qui s’en vont au Foyer, lieu où elles se font euthanasier pour être ensuite emmenées dans des bennes type ramassage des ordures ménagères ; et les émeutes qui sont réprimées violemment avec le ramassage des gêneurs par des pelleteuses qui les expédient à l’arrière des camions.
Ca rappelle dangereusement les camps de concentration issus d’un régime totalitaire tout cela.
Les humains ne sont que des jetons sans importance sur le jeu d’échec maîtrisé par quelques puissants.
Quant au soleil vert, Thorn n’est pas au bout de ses surprises et il a la preuve recherché par l’Echange, une bibliothèque fréquentée par des gens instruits, le soleil vert, ce fameux biscuit miracle, n’est rien d’autre que du cannibalisme car fabriqué à partir des corps euthanasiés au Foyer.


La première partie du film sert surtout à planter le décor et à familiariser le spectateur avec les personnages principaux.
C’est une partie qui peut sembler faire du sur-place, mais ce n’est qu’une apparence.
Il s’y passe beaucoup de choses qui seront déterminantes par la suite, notamment en ce qui concerne les personnages et leur évolution.
Il serait trop réducteur de dire que Thorn est un profiteur, c’est surtout un homme qui travaille mais qui a du mal à s’en sortir dans la vie, essentiellement marquée par son amitié avec Sol, un ancien professeur.
Ce dernier va jouer le rôle de déclencheur, lui ouvrir les yeux sur la réalité du monde dans lequel il vit et ce qu’il était avant.
Ce n’est pas forcément ce que l’on peut qualifier de mentor dans le sens traditionnel, mais c’en est un tout de même.
La deuxième partie est plus riche en action et elle ouvre au spectateur toute l’horreur de la vie en 2022 et de ce qui se cache derrière un soi-disant produit miracle et nécessaire pour la vie, outre le fait que l’Homme a totalement anéanti la nature et les ressources naturelles.
Il y a une très belle scène entre Thorn et Sol lorsque celui-ci est au Foyer et que Thorn assiste à son agonie. Il voit le film projeté sur un écran géant circulaire (un I-Max pour nous aujourd’hui) et se rend compte pour la première fois de ce qu’était la vie avant : les animaux dans les bois, la mer, les couchers de soleil, la nuit, l’océan, la vie sous marine.
D’ailleurs, l’ambiance du film est plutôt dans une atmosphère jaunâtre où le soleil n’a pas vraiment de place, où la nuit est sombre, des poussières voltigeant à longueur de journée.
La musique classique qui accompagne ces scènes est magnifique et colle parfaitement aux images.
Quant aux acteurs, le jeu de Charlton Heston est remarquable (décidément, la Terre dans le futur et lui ça devient une habitude, rôle différent de celui de La planète des singes mais qui se recroise sur certaines thématiques développées), tout comme celui d’Edward G. Robinson, décédé peu de temps après la fin du tournage, et la délicieuse Leigh Taylor-Young dans le rôle d’une femme-mobilier tombant amoureuse de Thorn.
Je regrette la fin, une forme d’apothéose, mais qui m’a laissée totalement dans l’inconnu sur la suite, un peu trop libre en somme d’imaginer ce qui va se passer.
Le film coupe brusquement, sans doute trop, comme si le réalisateur n’avait plus su quoi montrer ou comment conclure ce film.
C’est un peu dommage, je suis restée sur ma faim/fin dans tous les sens du terme, alors que le suspens avait bien monté crescendo et que mon attention était définitivement captée par l’histoire.


"Soleil vert" est un film d’anticipation qui mérite vraiment le coup d’œil, d’autant qu’il a moins vieilli, ou alors mieux, que son homologue "Fahrenheit 451" de François Truffaut.
Le propos n’est absolument pas démodé et il est intéressant au regard des évènements passés et actuels de visionner ce film.
Par curiosité, je lirai bien le livre également, même si l’histoire diffère quelque peu.

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