En 2022, les hommes ont épuisé les
ressources naturelles. Seul le soleil vert, sorte de pastille, parvient à
nourrir une population miséreuse qui ne sait pas comment créer de tels
aliments. Omniprésente et terriblement répressive, la police assure l'ordre.
Accompagné de son fidèle ami, un policier va découvrir, au péril de sa vie,
l'effroyable réalité de cette société inhumaine. (AlloCiné)
Dans la lignée de "Fahrenheit
451" ou "La planète des singes", "Soleil vert" est un
film d’anticipation de 1973 adapté du roman éponyme de Harry Harrisson.
Pour commencer, un petit mot sur la
piètre traduction du titre : en version originale le titre est "Soylent
Green", ce qui n’a pas grand-chose à voir avec le soleil (contraction du
terme anglais lentille de soja) et qui a une portée plus grande que le titre en
français, à savoir qu’il fait référence à la fois à la nourriture synthétique
mais également à la firme Soylent qui la produit.
L’introduction du film plante le
décor : la montée de l’industrialisation au vingtième siècle pour finir
par s’écrouler au vingt-et-unième siècle.
L’histoire se passe en 2022, il n’y a
plus aucune ressource naturelle, manger de la viande n’est même pas un luxe
mais relève quasiment de l’impossibilité, tandis que dans le même temps la
population s’est fortement accrue, engendrant énormément de pauvreté, de
chômage et un manque cruel de logements.
Au milieu de tout cela, il y a Robert
Thorn, un détective hors pair, qui partage son appartement avec Sol Roth, un
homme âgé ayant connu le monde avant le changement et passant ses journées à
regretter le passé : la nature, les animaux, la nourriture naturelle.
Thorn se trouve appelé sur une scène
de crime, un homme connu et haut placé a été exécuté dans son appartement, il
en profite pour faire la rencontre de Shirl, un « mobilier » de
l’appartement.
Belle évolution : certaines
femmes font partie du mobilier des appartements en y étant attachées par
contrat et doivent satisfaire les plaisirs des acquéreurs de l’appartement.
Mais le principal intérêt du film
n’est pas sur la résolution de cette enquête, de toute façon le spectateur sait
pertinemment qui l’auteur du meurtre, mais sur la découverte que Thorn va
faire, poussé par son ami Sol, que la véritable nature du soleil vert.
C’est un monde décadent qui est
présenté dans ce film, il ne manque presque qu’une guerre pour que le tableau
soit parfait.
La foultitude se rue tous les jours
au marché pour s’approvisionner en eau potable, soleil jaune, soleil rouge et
surtout le très recherché soleil vert.
C’est une dénonciation des
politiciens corrompus, des industriels cyniques parqués dans les beaux
quartiers et les beaux immeubles, et d’une population toujours plus grande qui
souffre de pauvreté et de malnutrition, un peu ce qui se passe déjà dans
certains pays et qui pourraient s’étendre si la population mondiale continue de
croître de façon non maîtrisée.
Il y a également d’autres
sous-entendus : des personnes qui disparaissent, surtout les personnages
âgées qui s’en vont au Foyer, lieu où elles se font euthanasier pour être
ensuite emmenées dans des bennes type ramassage des ordures ménagères ; et
les émeutes qui sont réprimées violemment avec le ramassage des gêneurs par des
pelleteuses qui les expédient à l’arrière des camions.
Ca rappelle dangereusement les camps
de concentration issus d’un régime totalitaire tout cela.
Les humains ne sont que des jetons
sans importance sur le jeu d’échec maîtrisé par quelques puissants.
Quant au soleil vert, Thorn n’est pas
au bout de ses surprises et il a la preuve recherché par l’Echange, une
bibliothèque fréquentée par des gens instruits, le soleil vert, ce fameux
biscuit miracle, n’est rien d’autre que du cannibalisme car fabriqué à partir
des corps euthanasiés au Foyer.
La première partie du film sert
surtout à planter le décor et à familiariser le spectateur avec les personnages
principaux.
C’est une partie qui peut sembler
faire du sur-place, mais ce n’est qu’une apparence.
Il s’y passe beaucoup de choses qui
seront déterminantes par la suite, notamment en ce qui concerne les personnages
et leur évolution.
Il serait trop réducteur de dire que
Thorn est un profiteur, c’est surtout un homme qui travaille mais qui a du mal
à s’en sortir dans la vie, essentiellement marquée par son amitié avec Sol, un
ancien professeur.
Ce dernier va jouer le rôle de
déclencheur, lui ouvrir les yeux sur la réalité du monde dans lequel il vit et
ce qu’il était avant.
Ce n’est pas forcément ce que l’on
peut qualifier de mentor dans le sens traditionnel, mais c’en est un tout de
même.
La deuxième partie est plus riche en
action et elle ouvre au spectateur toute l’horreur de la vie en 2022 et de ce
qui se cache derrière un soi-disant produit miracle et nécessaire pour la vie,
outre le fait que l’Homme a totalement anéanti la nature et les ressources
naturelles.
Il y a une très belle scène entre
Thorn et Sol lorsque celui-ci est au Foyer et que Thorn assiste à son agonie.
Il voit le film projeté sur un écran géant circulaire (un I-Max pour nous
aujourd’hui) et se rend compte pour la première fois de ce qu’était la vie
avant : les animaux dans les bois, la mer, les couchers de soleil, la
nuit, l’océan, la vie sous marine.
D’ailleurs, l’ambiance du film est
plutôt dans une atmosphère jaunâtre où le soleil n’a pas vraiment de place, où
la nuit est sombre, des poussières voltigeant à longueur de journée.
La musique classique qui accompagne
ces scènes est magnifique et colle parfaitement aux images.
Quant aux acteurs, le jeu de Charlton
Heston est remarquable (décidément, la Terre dans le futur et lui ça devient
une habitude, rôle différent de celui de La planète des singes mais qui se
recroise sur certaines thématiques développées), tout comme celui d’Edward G.
Robinson, décédé peu de temps après la fin du tournage, et la délicieuse Leigh
Taylor-Young dans le rôle d’une femme-mobilier tombant amoureuse de Thorn.
Je regrette la fin, une forme
d’apothéose, mais qui m’a laissée totalement dans l’inconnu sur la suite, un
peu trop libre en somme d’imaginer ce qui va se passer.
Le film coupe brusquement, sans doute
trop, comme si le réalisateur n’avait plus su quoi montrer ou comment conclure
ce film.
C’est un peu dommage, je suis restée
sur ma faim/fin dans tous les sens du terme, alors que le suspens avait bien
monté crescendo et que mon attention était définitivement captée par
l’histoire.
"Soleil vert" est un film
d’anticipation qui mérite vraiment le coup d’œil, d’autant qu’il a moins
vieilli, ou alors mieux, que son homologue "Fahrenheit 451" de
François Truffaut.
Le propos n’est absolument pas démodé
et il est intéressant au regard des évènements passés et actuels de visionner
ce film.
Par curiosité, je lirai bien le livre
également, même si l’histoire diffère quelque peu.
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