lundi 7 janvier 2013

Les Hauts de Hurlevent d'Andrea Arnnold



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Angleterre – XIXème siècle. Heathcliff, un enfant vagabond, est recueilli par M. Earnshaw qui vit seul avec ses deux enfants, Hindley et Cathy, dans une ferme isolée. Heathcliff est bientôt confronté aux violences de Hindley, jaloux de l’attention de son père pour cet étranger. Le jeune garçon devient le protégé de Cathy. A la mort de M. Earnshaw, Cathy est courtisée par le fils de riches voisins, laissant peu à peu Heathcliff à la merci de Hindley. A l’annonce du prochain mariage de Cathy, Heathcliff s’enfuit. L’attachement fraternel qu’il vouait à Cathy se transforme alors en un amour obsessionnel. (AlloCiné)

Si "Les Hauts de Hurlevent" est l’unique roman d’Emily Brontë il a pourtant été adapté plusieurs fois, que ce soit au cinéma, en opéra, en ballet.

La réalisatrice Andrea Arnold a choisi de se démarquer en basant son film sur le côté sombre de l’œuvre.
Ici, point d’histoire d’amour romanesque et fantastique, mais une histoire d’obsession tragique qui détruit l’autre pour le conduire à la mort.
C’est noir du début à la fin sans la moindre lueur d’espoir, l’ensemble du film est déprimant à la limite de l’oppressant avec des tortures d’animaux, des coups, une histoire qui évolue en vase clos et une absence totale de musique faisant ressortir le moindre son.
Effectivement, il n’y a pas de musique de tout le film, hormis une chanson pendant le générique de fin, mais les sons sont très présents : le vent, la pluie, les animaux, les pleurs, les cris, la branche frappant le carreau.
Cela renforce le caractère du film et son côté noir mais cela a aussi tendance à finir par créer un malaise dans la salle.
Point de fantôme donc, mais une branche venant frapper au carreau et rappelant à Heathcliff le souvenir de Catherine.
La nature est d’ailleurs omniprésente pendant tout le film, les paysages tiennent une place importante, le film a été tourné en décors réels et certainement dans les conditions climatiques réelles, cela se ressent à l’écran.
Il y a bien plus souvent du vent et de la pluie que du soleil, ceci étant le reflet de la vie des personnages.
Esthétiquement ce film est un vrai parti pris et une réussite, notamment les scènes où adultes Catherine et Heathcliff se souviennent furtivement d’images de leur enfance, mais il a le défaut de sa qualité en ce sens que parfois il se veut trop esthétique en comportant trop de gros plans sur des animaux, ce qui pourrait laisser à penser que la réalisatrice s’est amusée avec sa caméra comme si c’était un nouvel objet à essayer ou qu’elle cherchait à tourner un Microcosmos transposé au 19ème siècle.
Une scène m’a d’ailleurs particulièrement marquée, celle où Catherine entraîne Heathcliff à regarder la lande du haut d’un rocher, cette scène est entièrement tournée avec le soleil face à la caméra.


La réalisatrice a également choisi de tourner certaines scènes avec une caméra en mouvement qui suit les acteurs, j’aime assez ce principe car il permet au spectateur de vivre le film, ici on se promène à cheval où on court sur la lande.
Un autre point positif à ce film est que la réalisatrice montre les personnages de façon assez proche de la réalité : ils sont sales et crasseux, ils se roulent dans la boue et dans la lande, Catherine n’est pas jolie dans le sens classique du terme mais la réalisatrice a choisi de mettre en valeur sa chevelure brune et son regard.
Quant à Heathcliff il est par certains côtés approchant de la description qui en est faite dans le livre : un personnage à la peau mate typé gitan.
Du côté des acteurs, je ne les connaissais pas jusque alors, Catherine est interprétée par Shannon Beer pour la partie jeune et Kaya Scodelario pour la partie adulte et Heathcliff est interprété par Solomon Glave pour la partie jeune et James Howson pour la partie adulte.


Néanmoins, je trouve que le scénario est mal équilibré entre la partie axée sur la jeunesse, longue et sans doute la plus riche et la plus intéressante ; et celle axée sur l’âge adulte, plus courte et expédiant un peu trop à mon goût la relation complexe unissant Catherine et Heathcliff.
Il est aussi à regretter que la réalisatrice, également co-scénariste, ait choisi de faire l’impasse sur toute une partie du roman, elle aussi complexe et riche sur les relations et les personnages gravitant autour de Heathcliff et de sa vengeance.
Je suis toujours dubitative quant à l’adaptation cinématographique d’une œuvre aussi riche et dense, elle nécessite à chaque fois un parti pris du ou des scénariste(s), ce film n’y fait pas exception.


"Les Hauts de Hurlevent" d’Andrea Arnold n’est pas un film facile d’accès et il ne s’adresse pas à tout public, il est un parti pris de l’œuvre d’Emily Brontë réussi esthétiquement mais qui fait néanmoins l’impasse sur certains aspects du livre pour se concentrer sur d’autres, notamment la noirceur.

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