Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier, Joachim, lui, est employé d’un miroitier de province. Mais une force étrange les unit. Au point que, sans qu’ils puissent comprendre ni comment, ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer. (AlloCiné)
Après le magnifique et bouleversant "La guerre est déclarée", Valérie Donzelli fait son retour au cinéma avec son nouveau film "Main dans la main".
Sujet audacieux que Valérie Donzelli a filmé, celui de la rencontre entre Hélène Marchal dirigeant l'école de danse de l'Opéra Garnier et Joachim employé d'une miroiterie à Commercy.
Tout les oppose, pourtant après un baiser ils se retrouvent inséparables, à faire les mêmes mouvements et à aller dans la même direction.
Si ça ce n'est pas du coup du foudre.
Ce film de Valérie Donzelli pourrait
s’inscrire dans la catégorie OFNI – Objet Filmé Non Identifié tant il brille
par son côté décalé qui vient bousculer le petit monde paisible du cinéma
français.
Valérie Donzelli ose bousculer les codes
et ça lui réussit.
Elle propose une histoire d’amour sur
fond fantastique, l’amour fou qui lie deux êtres l’un à l’autre et les rend
indissociables l’un de l’autre, et si ses personnages ne chantent pas (et
encore il y a exception pour la chanson de fin) ils dansent.
Esthétiquement, son film est réussi
et travaillé à la perfection.
Les scènes mimées entre les
personnages de Hélène et Joachim sont bien synchronisées, cela déclenche du
burlesque, notamment toute la déambulation dans l’Opéra Garnier alors que ces
deux personnages viennent d’être collés l’un à l’autre, ainsi que de belles
scènes chorégraphiées.
Car il n’y a pas que la danse dans ce
film, il y a aussi ce jeu de marionnettes pour les deux personnages principaux
qui a sûrement nécessité beaucoup de travail pour arriver à un tel résultat.
Côté burlesque, le film regorge de
scènes qui en sont des petites pépites, qu’il s’agisse de Jérémie Elkaïm en
tutu au milieu de jeunes filles dans un cours de danse de Valérie Lemercier ou
de Valérie Donzelli en robe légère tenant à montrer sa chorégraphie avec son
voisin (en short) sur une chanson de Bonnie Tyler.
J’ai d’ailleurs trouvé que ce film se
divisait en deux parties, la première, et sans doute la plus longue, est plus
orientée vers des situations comiques, puis elle finit par amorcer une descente
vers le drame tandis que la deuxième est vraiment ancrée dans ce genre, avec
l’affrontement de deux solitudes, la maladie d’un proche, et la rupture entre
Joachim et sa sœur Véro.
On ne fait pas d’omelettes sans
casser des œufs, et bien pour cette histoire il en est de même. Jusqu’à présent
Joachim a vécu une relation fusionnelle avec sa sœur, le fait de se retrouver
collé à une femme qui est à son opposé va finir par le libérer.
Car, comme toute histoire d’amour
dans un conte, la femme et l’homme n’ont pas grand-chose en commun, ici c’est
l’alliance de la parisienne chic avec le provincial modeste.
Pourtant, au contact l’un de l’autre
ils vont finir par se découvrir, par s’apprécier.
L’une des plus belles scènes du film
est sans doute celle où Joachim fait à Hélène une chorégraphie de Pina Bausch,
parce qu’il avait trouvé ça joli.
C’est l’un des moments clés du film
qui marque le basculement des sentiments de ces deux personnages l’un envers
l’autre.
L'autre atout indéniable du film, c'est le casting, avec des acteurs jouant très justement et véhiculant beaucoup d'émotions.
Valérie Donzelli offre de beaux rôles à ses acteurs, elle doit apprécier Valérie Lemercier dans la vie, en tout cas c'est le sentiment que j'ai eu en voyant le rôle qu'elle lui a offert.
Quant à Jérémie Elkaïm, elle lui offre de nouveau un très beau rôle lui permettant d'exprimer toute une palette de sentiments devant une caméra.
Jérémie Elkaïm est d'ailleurs à mon avis un acteur trop peu utilisé, hormis dans les films de Valérie Donzelli et de "Polisse" je trouve que le cinéma français lui accorde peu de place et c'est bien dommage.
Il est de plus difficilement indissociable de Valérie Donzelli, comme précédemment ils ont tous les deux co-écrits le film et restent proches dans la vie quotidienne.
C'est un duo qui fonctionne bien, à l'écriture comme à l'écran.
J’ai retrouvé la « patte »,
la marque de fabrique de Valérie Donzelli : elle agrémente son film de
scènes filmées avec grain d’image, comme un film de famille projeté lors d’une
soirée, ainsi qu’un narrateur, le même d’ailleurs que pour son précédent film,
qui intervient dans l’histoire, pour prendre parfois le relai et faire
accélérer temporellement le film.
Quant à la bande originale, elle est
toujours particulièrement soignée, celle-ci ne fait pas exception à la règle.
Outre les airs de musique classique
attribués au personnage de Hélène Marchal elle offre plus de modernité à ceux
pour Joachim, glisse quelques chansons et confie le reste de la création à
Peter von Poehl.
Néanmoins, je trouve que l’histoire
s’essouffle avant la fin et fait un peu trop de surplace.
Déjà que le film n’est pas long,
Valérie Donzelli a épuisé un peu trop rapidement son idée.
Dommage car elle regorge d’idées
toutes plus intéressantes les unes que les autres.
C’est le défaut de ce film, une
histoire qui part sur les chapeaux de roue et qui retombe d’elle-même, la fin
ne rattrape pas ce sentiment de manque que j’ai pu ressentir.
Je trouvé également que la
réalisatrice a été trop bavarde par moment avec l’utilisation de la voix de
narration, elle est utilisée un peu trop inégalement dans le film et de façon
trop condensée d’un seul coup.
Main dans la main comporte quelques
défauts et quelques maladresses néanmoins, j’en retiens son côté burlesque et
novateur, dans lequel Valérie Donzelli ose bousculer l’ordinaire pour livrer un
conte tragi-comique dont l’amour est le point d’orgue.
Et il va falloir que je visionne dès
que possible La reine des pommes, car Valérie Donzelli m’apparaît comme bien
prometteuse dans le cinéma français et continuera à faire parler d’elle, à
surprendre le spectateur et à se renouveler à chaque film.
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