jeudi 7 décembre 2017

Au revoir là-haut d'Albert Dupontel

       
     

Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l'un dessinateur de génie, l'autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l'entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire. (AlloCiné)


Albert Dupontel se lance dans le film historique avec cette adaptation du Prix Goncourt de Pierre Lemaître "Au revoir là-haut".
Sur le papier, cela avait de quoi faire un peu peur, pour ma part en tout cas.
Après, quand on connaît cette historie d’arnaque aux monuments aux morts par deux rescapés des tranchées (dont une gueule cassée), on se dit que cela a du sens qu’un Albert Dupontel ait été intéressé par cette histoire.
Et inutile de tourner plus longtemps autour du pot, c’est une adaptation réussie et sans doute la meilleure œuvre d’Albert Dupontel à ce jour (notez que c’est aussi ce que je pense de ce roman par rapport à son auteur).


Pourtant au début du film, j’ai failli hurler au scandale quand j’ai découvert que l’issue du roman avait été remplacée par une autre qui, je le craignais, n’allait pas du tout, mais alors pas du tout, me convenir.
Inutile de crier au loup, cette fin est savamment choisie et menée, et elle est tout aussi immorale que celle du roman, si ce n’est même plus.
D’autant qu’Albert Dupontel a travaillé le scénario avec Pierre Lemaître et qu’il a lui-même validé ce changement.
C’est tout à fait dans l’esprit du livre et cela en fait une adaptation réussie, voire même un exemple à reproduire.
Les situations comiques se retrouvent à l’écran (sérieusement, la visite des cimetières par un sombre inspecteur raffolant de poulet, il ne faut presque lire le livre rien que pour cela), les dialogues entre certains personnages font rire aux éclats, mais celles dramatiques se ressentent également ; j’ai vraiment retrouvé toute la beauté du livre dans ce film.
D’un autre côté, difficile de faire tenir ce roman dans un film, certaines scènes ont été raccourcies, d’autres modifiées mais au final pour cadrer au mieux avec le format cinématographique.
J’ai tout de même eu l’impression que certaines scènes avaient été retirées, dans sa version initiale le film durait effectivement plus longtemps, Albert Dupontel l’a retravaillé au fur et à mesure des premières projections.
J’espère sincèrement que ces scènes coupées figureront sur le DVD.


Visuellement, ce film est très beau, que ce soit les premières scènes prenant place dans les tranchées ou tout le travail réalisé sur les masques créés, et portés, par Edouard Péricourt.
J’aime l’esthétique de ce film et tout le travail fait en amont, le résultat est beau et ne trahit aucunement l’esprit du roman.
Tout comme le casting est excellent et sert à merveille les personnages.
A l’origine, Albert Maillard devait être interprété par Bouli Lanners, suite au désistement de cet acteur Albert Dupontel a endossé le rôle.
Et ne fait pas du Albert Dupontel dedans.
Si Laurent Lafitte campe un lieutenant Pradelle plus salaud que nature, Niels Arestrup est tout simplement génial dans le rôle du patriarche Marcel Péricourt, et offre des scènes de franche rigolade, quant à Emilie Dequenne et Mélanie Thierry elles incarnent fort joliment les figures féminines de l’histoire.
La première belle trouvaille dans ce casting c’est Héloïse Balster dans le rôle de Louise, la petite protégée d’Albert Maillard et d’Edouard Péricourt.
Mais l’énorme révélation de ce film, et donc la seconde belle trouvaille, c’est Nahuel Perez Biscayart qui livre une prestation éblouissante d’un Edouard Péricourt défiguré, se cachant sous des masques, incapable de parler et tout juste bon à grogner, le tout passe par sa gestuelle et son regard, quelle prestation !
C’est à mon avis l’aspect le plus impressionnant de ce film, cette prestation d’acteur, et qui me marquera sans doute longtemps.
Il fallait réussir à donner vie à cette histoire, aux personnages, et particulièrement à Edouard Péricourt, c’est désormais chose faite, et avec brio.


"Au revoir là-haut" est un film d’une immoralité jouissive savamment orchestré par un Albert Dupontel bien inspiré, l’un des meilleurs films de cet automne, voire même de l’année 2017, qui vous donnera sans doute envie de lire ou de relire le roman de Pierre Lemaître.


       
     

       
     

       
     

2 commentaires:

  1. En effet, très beau film.
    Mais un truc me chagrine après réflexion : si le père Péricourt renie son fils, ce n'est pas parce qu'il dessine, mais parce qu'il l'a surpris avec un autre homme. Dommage que cela ait été gommé dans le film.

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  2. J'ai aussi pensé ça au début mais en fait c'est montré dans le film, rapidement, mais ça l'est : lorsque la jeunesse d'Edouard est évoquée via des dessins.

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