lundi 21 janvier 2013

Mildred Pierce de Todd Haynes





Mère de famille de la classe moyenne dans le Los Angeles des années 30, Mildred Pierce doit se battre pour subvenir aux besoins des siens et préserver son rang social. Un combat qui mènera au crime... (AlloCiné)

Mildred Pierce est une sacrée femme : capable de mettre son mari à la porte et de l’expédier chez sa maîtresse, de divorcer et d’élever ses deux filles, de se trouver un travail car il lui faut désormais gagner par elle-même sa vie et surtout, de mettre son orgueil dans sa poche pour commencer comme serveuse.
Mais comme Mildred Pierce est un sacré cordon bleu, elle va passer de serveuse à son propre restaurant vendant exclusivement du poulet, puis à étendre sa franchise à deux autres restaurants.
Pour elle-même ?
En réalité, surtout pour sa fille Veda, ingrate fille éternellement insatisfaite et qui ne se voit que dans le luxe et la reconnaissance pour enfin sortir de son quartier de seconde zone.
J’avais parlé de deux filles, et bien Mildred fera l’amère et douloureuse expérience de perdre sa plus jeune fille brusquement de maladie.


Au final, qu’y gagnera-t-elle ?
Pas l’amour de sa fille, mais elle ouvrira les yeux et comprendra que tout ce qu’elle a fait a toujours été vain car comment se faire aimer par un monstre sans cœur et comment commander l’amour naturel qu’une fille devrait vouer à sa mère ?
Mildred ressortira grandie de cette expérience de plusieurs années et donne ainsi une belle démonstration de féminisme, de courage et d’espoir pour les femmes, y compris celles d’aujourd’hui qui se battent pour vivre, une héroïne intemporelle en quelque sorte.


Mildred Pierce est une femme forte et j’ai été touchée par son histoire, son combat de femme dans la vie quotidienne pour subvenir à ses besoins, mais aussi dans ses rapports avec les hommes, notamment grâce aux sages conseils d’une voisine également amie.
Il y a de la douleur et de la tristesse, mais surtout beaucoup de travail, une valeur en laquelle je crois beaucoup.
Et puis, il y a cette Californie d’après crise de 1929, ce rêve américain qui a échoué pour tant de personnes au milieu de paysages enchanteurs fleurant bon la douceur de vivre et l’indolence.
Pour camper Mildred Pierce, c’est Kate Winslet qui a été retenue.
Dire qu’elle a travaillé ce rôle ne serait pas mentir tout comme dire qu’elle excelle dans son interprétation non plus.
Elle a su se glisser dans la peau du personnage et se l’approprier, elle qui vient du monde du cinéma où la façon de tourner n’est pas tout à fait la même que pour la télévision.
Car c’est là un autre atout de cette série, plutôt que d’en faire un film, c’est un téléfilm en cinq épisodes, ce qui permet de bien développer l’histoire et mettre en place les personnages et leurs caractères.
Car de caractère, ils n’en manquent pas, que ce soit Monty Beragon, l’indolent amant de Mildred Pierce qui se contente de vivre à ses crochets une fois le succès venu, ou l’insupportable Veda, fille bien peu aimante de Mildred Pierce dont le but principal dans la vie est de chercher à rabaisser et nuire à sa mère.
C’est Guy Pearce qui campe Monty Beragon, avec un côté acteur des années 40 il colle parfaitement au rôle et sait donner vie à ce personnage sangsue, tandis qu’Evan Rachel Wood explose dans l’un de ses premiers rôles avec une Veda adulte que j’ai eu envie de baffer à de nombreuses reprises, voire même d’étrangler.


C’est Todd Haynes qui filme cette histoire de femme-mère courage, réalisateur dont j’avais grandement apprécié le très beau "Loin du paradis", mais il est également co-scénariste avec Jon Raymond, d’après le roman de James M. Cain.
C’est très bien écrit, très bien mis en scène et très bien filmé.
Il y a eu un gros travail de recherche pour reconstituer les Etats-Unis des années 30 : niveau maison, voitures, transports en commun etc., ce qui donne des décors magnifiques et une belle reconstitution de cette époque.
Et en voyant cela, je me dis qu’il n’y a bien que les américains pour réussir à faire d’aussi belles reconstitutions et des fictions qui tiennent la route de bout en bout et se regardent avec grand plaisir.
Enfin, il n’y a pas qu’eux, cela serait trop réducteur, mais disons qu’ils en ont le monopole, sans doute parce qu’ils savent et peuvent mettre les moyens financiers derrière.
La musique est elle aussi soignée et s’intègre bien à l’ensemble.



"Mildred Pierce" est un téléfilm remarquable, très agréable à regarder et réussi à la perfection, tant au niveau de l’histoire que par rapport au jeu des acteurs.
Il ne me reste plus qu’à découvrir le roman de James M. Cain et je ne cache pas mon impatience de pouvoir le lire après avoir vu et aimé ce téléfilm.

2 commentaires:

  1. J'ai adoré cette mini-série qui rend parfaitement hommage au roman de McCain, un de mes livres préférés. Kate Winslet est impeccable tout le long des épisodes !
    Si tu as l'occasion, après avoir lu le livre, je te conseille de voir le film avec Joan Crawford dans le rôle. L'adaptation est légèrement différente du roman, mais elle présente l'intrigue sous un jour très intéressant.

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  2. @ Lili : c'est prévu, je vais me mettre en quête du livre et ensuite du film.

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